Les Settons
  
Le barrage des Settons
(Carte postale de 1906 - Collection Joseph Salguero)

Situation

C'est le plus ancien des lacs du Morvan. 
Le barrage initial fut construit entre 1854 et 1858 sur le lit de la Cure,


Origines

- Le lac des Settons tient son nom de l’ancienne vallée tourbeuse qui ne permettait pas l’agriculture. La chétive végétation qui y poussait lui a donné le nom de «cheutons » en patois, qui a dérivé en «Settons », nom du hameau près du barrage.

- Le projet de la construction du barrage des Settons fût décidé dès le début du XVIIIe siècle dans l’objectif de créer un lac réservoir pour réguler la Cure, principal affluent de l’Yonne, afin d’éviter les crues de la Seine à Paris, mais aussi pour alimenter Paris en bois de chauffage qui était alors acheminé, à cette époque, par voie d’eau.

- Le premier ouvrage, une digue en pierre, en blocs de granit, date du 13 mai 1858, comme le montre la plaque inaugurale située face à la croix en granit érigée sur le barrage.

    
La croix des Settons et sa plaque inaugurale

- Une seconde digue de 271 mètres de long, destinée à renforcer l’ouvrage en amont, fut construite entre 1899 et 1905.
Au centre du barrage, se trouve la salle des machines d’où les vannes sont manœuvrées au moyen de mécanismes hydrauliques.
Sur les anciennes cartes postales ci-dessous, nous distinguons encore la grue qui permettait la descente dans les puits de visite ainsi que les rails permettant son déplacement. La grue n'éxiste plus et les rails ont été supprimés, remplacés par des lampadaires.

    
La digue initiale et son renforcement amont
(carte postale ancienne)

Caractéristiques générales

- Latitude : 47° 11' 48.98’’ Nord

- Longitude : 4° 3' 25.71’’ Est

- Altitude : 586 mètres

- Entreprises : Monsieur Perrichon, entrepreneur à Nevers

- Construction :
Construit sur le principe des « barrages de force » ou « barrages poids », il ne tient debout que par le poids qu’il exerce sur lui-même.


Barrage poids
(Croquis Comité Français des Barrages et Réservoirs)

- Utilité :
Construit à l'origine pour permettre le flottage du bois, il était destiné à gonfler les eaux de la rivière et alimenter Paris, via la Cure et l’Yonne.
Le flottage du bois cessa en 1924.
Le lac est aujourd'hui utilisé comme base nautique de loisirs.

- Alimentation : La Cure.

- Superficie : 367 ha

- Capacité: 23,5 millions de m³.

-Profondeur maximale : 18 mètres au barrage, rempli

- Profondeur moyenne : 10 à 12 mètres au milieu

- Longueur maximale : 3,5 km

- Largeur maximale : 2.6 km

- Matériaux de construction : Digue en pierre (blocs de granit), mur de garde en béton. 

- Longueur au sommet : 269 mètres

- Longueur à la base :

- Largeur au sommet : 5 mètres

- Largeur à la base : 12 mètres

- Hauteur maximum : 21 mètres

- Coût de l’ouvrage :

1°) Première digue : estimée à 5 833 francs au 20 décembre 1847, puis à 7 469 francs le 28 novembre 1855, à 9 169 francs en mai 1856 son coût dût être bien supérieur.

2°) Mur de garde (doublement) : la soumission de Pierre Emile Magnard à l'adjudication du 20juillet 1899 est approuvée avec une majoration de 24% sur le montant initialde 32 100 francs.

- Le barrage des Settons est le plus imposant construit à cette époque en Europe occidentale.

Construction

- Les premières études de cet ouvrage (déjà envisagé sous Louis XIII) dataient de Louis XVI. Elles n’aboutirent pas.

- Elles furent reprises sous l’impulsion d’ André Dupin , député de la Nièvre, à l’origine du pont Dupin près du saut de Gouloux.

- Le 15 juillet 1854 les travaux furent adjugés à Monsieur Perrichon, entrepreneur à Nevers et l’exécution des travaux fut dirigée par Cambuzat, Lepeuple et Otry de Labrit.

- La construction du barrage commencée en 1854 s’est achevée en 1858. C’était à l’époque une entreprise colossale.

- En effet, si le moellon brut servant aux parties non visibles de l’ouvrage devait être extrait de la côte des Ponceaux, sur des terrains communaux situés en aval du barrage, le moellon piqué et la pierre de taille qui seraient utilisés pour les parties visibles et ornementales de l’édifice, devaient l’être de la roche de La Folie et des rochers des Abattis, dont les carrières se situent à quelques 3km des Settons.
Si la capacité de cette carrière s'averait insuffisante, il faudrait alors aller s’approvisionner dans les carrières de la forêt de Breuil-Chenue, sur la commune de Saint-Brisson, à 14km des Settons… Ce qui arriva.
Et bien sur, en ce temps là, seuls les charrettes et les bœufs permettaient de tels transports.
Et ce n’était pas tout, la qualité de la pierre devait répondre à certains critères :
«On admettra que des pierres nouvellement extraites et à surface vive, brillante et grenue. On rejettera toute pierre friable ou contenant des parties friables… des surfaces ou des parties de surface lisse et, enfin, des défectuosités quelconques… Il ne pourra être fait usage de la mine pour l’exploitation des carrières de pierre. On rebutera toute celle extraite par ce procédé…
Le moellon piqué et la pierre de taille n’auront rigoureusement aucun démaigrissement dans tous leurs sens. Ils seront dégrossis et ébauchés à la carrière et taillés à pied d’oeuvre…»

- Le barrage s’appuie sur du rocher granitique, au sud sur la hauteur d’Outre-Cure et au nord sur celle des Ponceaux.

- Les ancrages des fondations varient de 1m à 2,50 mètres, ce qui est relativement peu.
Le plan de fondation se situe à environ 8,50 mètres sous le niveau du terrain naturel dans sa partie la plus basse, soit au centre de l'édifice, à 3 mètres sous le versant gauche et à 5 mètres sous le versant droit.

- L’axe du barrage a été calculé afin que les forces exercées par les 22 millions de m3 d’eau ne s’exercent pas perpendiculairement à la digue.
Cet axe représente un angle de 23°30’ par rapport au Nord.

- Le corps du barrage est percé de 3 systèmes d’aqueducs (ouvrage destiné à l’adduction d’eau) édifiés en épanchoirs (ouvrage destiné à évacuer un trop plein d’eau).

Chaque système comprend 5 aqueducs de 70cm de large sur 1m de haut.

Le premier épanchoir (Rive Droite) est composé d’un aqueduc de fond situé au niveau du fond du lit de la Cure. Les 4 autres aqueducs qui le composent sont situés à 50cm au-dessus du seuil de la bonde de fond.
Il comporte 7 vannes :
- 4 vannes de prise d'eau destinées à alimenter des galeries (ou conduites).
- 3 vannes de garde, dispositif de sécurité destiné à permettre l'entretien ou à limiter certains incidents.


Contre le mur, 2 des 4 vannes de prise d'eau,
au premier plan, 2 des 3 vannes de garde

Le deuxième épanchoir est maintenant condamné. Le seuil de ses aqueducs est (était...) à 6m50 au-dessus du seuil de la bonde de fond.

L'amont de ces deux épanchoirs est désormais invisible, totalement emprisonné par le béton du « masque de Lévy » depuis 1905.

Le troisième épanchoir est le seul à être toujours visible, repérable à l'emplacement de ses 5 crémaillères actionnant les vannes et à sa plateforme mesurant 2,60 mètres de large sur 21,10 mètres de long.


La plateforme et les crémaillères du
3ème épanchoir...
Accès délicat, surtout l'hiver

- Les axes des 3 systèmes d’épanchoirs sont espacés de 47m60.

- Ces dispositifs permettent et asservissent la circulation de l’eau, à travers le corps de l’ouvrage jusqu’à l’aval.

Le déversoir quant-à lui est situé à l'extrémité de la digue, en rive gauche.  Le masque de Lévy ne couvrant pas cette extrémité du barrage, le déversoir est protégé par une surélévation du fond aidant à limiter la pression directe à cet endroit de l'édifice.
Une passerelle de surveillance édifiée en arc de cercle complète le dispositif.
Le trop plein du lac s'évacue par deux voûtes et rejoint ensuite le lit de la Cure.


Vue aval des deux voutes


La sortie du déversoir


Le "sas" du déversoir


Vue de la surélévation.
Les saillies dans les piliers permettaient
jadis la pose de batardeaux



Le déversoir était un lieu de promenade
(Carte postale ancienne)


- Plusieurs bâtiment furent engloutis, notamment des moulins dont on devine encore quelques traces lorsque le lac est vidé, tous les
10 ans.

- Le barrage fut inauguré le matin du 13 mai 1958 et il semblerait que chacun y soit allé de "sa" bonne parole, dans son propre registre.
Le Préfet De Magnitot, peu visionnaire, souligna "Les nouveaux éléments de propérité que ces eaux, désormais dociles et obéissantes vous apportent..." alors que le flottage du bois allait rapidement péricliter (le chemin de fer à vapeur et donc le charbon, étaient arrivés à Paris depuis 1837...), et termina par un "Vive l'Empereur, vive l'Impératrice, vive le Prince Impérial...".
Le Député Le Peletier d'Aunay, qui n'avait pas non plus vu arriver le charbon salua "l'ère nouvelle qui commence pour la richesse forestière de cette contrée" précisant également que "cette belle fête qui nous réunit est vraiment la fête du Morvan".
Enfin, le vicaire Pierre-Louis-Marie Cortet, futur évêque de Troyes, représentant Monseigneur Dufêtre, Evèque de Nevers, malade, rendit hommage "à ces hommes dont le génie ne se montre jamais plus grand et plus fort que quand ils s'inclinent devant l'éternel foyer d'où leur vient la lumière..."  ainsi qu'au "créateur tout puissant, qui de rien fit toutes choses...".

Quant-à la croix de granit désignant le centre exact de l’édifice, il semblerait qu'elle ne fut bénie que l'après-midi par le vicaire général de Nevers, dans une ambiance plus... recueillie.

- En 1885, construction de la maison du cantonnier située au pied du barrage.
La charge du cantonnier, sous la responsabilité du garde, était d'entretenir la digue (comment ?) et de surveiller le parc ainsi que les réservoirs en aval.
Ces réservoirs étaient essentiellement destinés à préserver le milieu aquatique lors des vidanges périodiques. Construit en 1880, ils sont toujours utilisés.


La maison du cantonnier (carte postale ancienne)

         
La réserve de pêche hier (carte postale ancienne - Collection Joseph Salguero), et aujourd'hui...
 
Après des décennies d'abandon, cette maison est hélàs en ruine et menace de s'effondrer


La maison du cantonnier aujourd'hui...


Sous la neige...


Par temps clair...


Avant une démolition annoncée...

Ces 4 photos datent de Janvier 2015.

- Le 27 avril 1895, la digue de Bouzey, dans les Vosges, construite sensiblement sur le même principe se rompit.
Une visite minutieuse du barrage fut décidée et l'on constata des fissures et des parties du mur salpêtrées. Le granit était attaqué, probablement par le gel de l'eau dans les interstices de la pierre qui la fit voler en éclat (geler à pierre fendre).

- Le 5 avril 1899, le Ministère des Travaux publics décida la construction d'un "mur de garde et d'une tour de prise d'eau en amont de la digue", ainsi que l'installation de vannes métalliques et de mécanismes de manoeuvre des dites vannes.

- La technique retenue sera « le masque de Lévy » (Voir chapitre suivant).

- En 1905 les travaux étaient terminés. La "digue" était déjà celle d'aujourd'hui.

Le masque de Lévy

C'est dans la seconde moitié du XIXème siècle qu'une approche s'appuyant sur la thérie de l'élasticité et la résistance des matériaux commença à être définie avec les études de Méry (1840), Sazilly (1853), Delocre (1865), Rankine (1872-1873) et Lévy (1885).

Pour les Services des Ponts et Chaussées, la conception du barrage de Furens (Barrage de Rochetaillée , Saint Etienne-42, Loire) apparaissait alors comme « l’oeuvre d’une équipe, dont le travail s’inscrit dans la durée ».

La référence retenue pour le barrage de Furens est l'article de Sazilly, publié dans les Annales des Ponts et Chaussées en 1852.
Il découlait toutefois d’une analyse de Méry publiée dans ces mêmes Annales en 1840.

Ces détails ont une certaine importance puisqu’en 1854, la commission de la navigation du Conseil Général des Ponts et Chaussées, donne l’ordre aux concepteurs du barrage des Settons de redessiner leur ouvrage en s’appuyant précisément sur l’analyse de Sazilly, jouant ainsi un rôle majeur dans la constitution et la transmission d’un savoir.

Toutefois, malgré les avantages que cette recommandation aient pu apporter à l'édification de la digue des Settons, la catastrophe de Bouzey n'avait pas encore eut lieu, les études consécutives n'avaient bien sur pas pu être prise en compte et Maurice Lévy n'avait pas encore écrit son article sur les sous-pressions.
 
Maurice Lévy, inspecteur général des ponts et chaussées, membre de l’Académie des sciences comprit rapidement le mécanisme de la rupture et adressa un compte-rendu à l’Académie des sciences en août 1895 (la digue de Bouzet s'était rompue en avril...).

La rupture du barrage de Bouzey « résulte d’un profil trop mince qui conduisait au développement de contraintes de traction sur la face amont qui ne pouvait que faciliter l’amorce de fissures et l’introduction de l’eau en pression entraînant ainsi la ruine de l’ouvrage ».

Il montrait le déséquilibre qui résultait de la pénétration de l’eau dans une fissure et définissait des règles de profil pour les nouveaux barrages.

Pour les anciens ouvrages, il préconisait la mise en place d’un masque (le masque de Lévy) qui isolait le corps du barrage de la retenue, masque drainé vers sa face aval.
Cette solution fut ensuite remplacée par le drainage du corps du barrage afin de mieux contrôler le trajet de l'eau sous un barrage.

Hélas, cette analyse ne fut pas retenue immédiatement.
Ce fut seulement en 1923 qu'une circulaire ministérielle sur les barrages de grande hauteur reprit, en partie, les termes de son analyse.

Images Archives DDE58-Service de la Navigation / Janine Bardonnet
=> Voir également le document de Janine Bardonnet ICI

- Les appels d'offres furent lancés et le 20 juillet 1899, les propositions de Pierre-Emile Magnard, de Jules Prat et de Jean Fougerol furent retenues et les travaux démarrêrent sans délais. La digue allait avoir son masque protecteur. 

La salle des machines

Au centre du barrage, trône la salle des machines servant à manœuvrer les vannes de fond qui permettent l’écoulement de l’eau dans la Cure.
Cette salle avait quelques particularités.

- Tout d'abord un énorme et impressionnant contrepoids aidant, à l'époque, à la manoeuvre des vannes de fonds par un système simple de pression "à eau".
Ce contrepoids n'est plus utilisé mais demeure dans la salle des machines.


Le contrepoids

- Par la suite ce dispositif a été remplacé par des machines hydrauliques alimentées électriquement.
Ces mécanismes de dimensions respectables sont surmontés de trappes, toujours visibles, destinées à ouvrir l'espace nécessaire à l'enlèvement des dits mécanismes.
Il s'agit bien là d'interventions sur les mécanismes, les interventions sur les vannes ne pouvant bien sur être réalisées qu'avec un lac vide.


La salle des machines...
2 vannes de prise d'eau


... remarquablement conservée
1 vanne de garde


Les trappes...


... toujours présentes


- Une graduation surmontant le mécanisme permet, à l'aide d'un abaque, de vérifier le débit d'eau correspondant à la position de la vanne.



La graduation au dessus du mécanisme

- Enfin, cette salle des machines est surmontées de deux imposantes cheminées. Diverses versions (surtout 2) de leur utilité ont couru la campagne.


Deux "cheminées" bien visibles

- Dans la première version de ce texte, il était question de chauffage de la salle, pas vraiment pour le bien être des employés car cette salle n'a jamais été occupée en permanence, seulement le temps de vérifications, de manoeuvres ou de relevés divers ce qui ne justifiait aucunement un tel "confort".
Il est vrai qu'à l'origine, le système "à pression d'eau" pouvait fort bien geler et qu'un chauffage aurait pu palier cet inconvénient, mais aucune trace d'un quelconque chauffage "hors gel" dans les archives.
Il parait également que plus tard, à certaines périodes plutôt froides, l'huile des mécanismes avait "un peu" tendance à figer, mais rien de catastrophique ou de handicapant.

- Dans la seconde version, il a également été question de chauffage mais là pour quelques chaudières destinées à produire de la vapeur et apporter la force nécessaire à la manoeuvre des vannes. J'avoue avoir été dans les rangs de ces adeptes... 

Et puis j'ai découvert, pardon, des spécialistes m'ont révélé, la vérité.

En réalité, la manoeuvre des vannes de fond avait le gros inconvénient de provoquer un fort appel d'air dans la salle des machines.
Les deux cheminées étaient en fait destinées à palier ce désagréable effet de surpression en servant simplement d'évents.
Une remarquable astuce des ingénieurs de l'époque.
A l'appui de cette version, le fait qu'un système de production de vapeur soit, dans le cas présent, particulièrement compliqué à mettre en oeuvre, long, dangereux et contraignant pour une telle utilisation. Une "chauffe" permanente aurait été économiquement irréaliste.
De plus s'ajoutent les nécessités de stockage (et d'approvisionnement) des combustibles, bois ou charbon, ajoutant à l'inconfort et à la dangerosité du système. Aucune trace non plus de cela dans les archives.


Le départ des 2 évents...


...dans la salle du rez de chaussée...


...et les conduits correspondants...


... au premier niveau


Pour terminer, des "cheminées" auraient, pour le moins, laissées quelques traces de suie, hors il n'y en a aucune.

Toutes les photos de ce paragraphe datent de Janvier 2015

Une surveillance de tous les instants

Quoi que l'on puisse en penser de prime abord, cet ouvrage n'est pas livré à lui même.
Outre les relevés de température, pluviométrie etc, une batterie de capteurs en tous genres, piézo, automatiques ou non, et de drains ajoutés à une observation humaine quotidienne permettent une surveillance de tous les instants.


Sorties des accès piézo et des drains
en pied de digue


Accès piézo sur la digue


Mesure empirique  des sorties de drains...


Relevés à l'aide d'une sonde
piézométrique manuelle standard


Sorties des drains du masque de Lévy...


... et mesure de leurs débits
(de 0 à 90 litres/minute)


Ainsi, à titre d'exemple ces deux couples de photos prises à 3 jours d'intervale.

En raison de pluies importantes et de la fonte des quelques neiges tombées sur la région, le niveau du lac était monté de 18 cm.
Certes c'est peu. Mais sur les 367 ha de superficie cela représente tout de même quelques 660 000 m3 supplémentaires qu'il faut aider à évacuer.


Vue de l'épanchoir n°3 à 0,5 m3/s...


... et à 1,5 m3/s


Le même épanchoir...


...vu de plus prés


Sur les photos de gauche, le débit de sortie était d'environ 0,5 m3/seconde. Sur celles de droite, il a été passé à 1,5 m3/seconde, soit approximativement 5 jours pour évacuer l'excédent, sachant que le trop plein n'était pas encore atteint.

Des sondes piézométriques automatiques (limnimètres) équipent également l'amont et l'aval du Barrage. Ces sondes émettent une fréquence - ultrason ou hyper fréquence - et calculent le temps que mettent ces fréquence pour revenir après rebond sur la surface de l'eau (par rapport à la vitesse du son pour les capteurs à ultrason et à la vitesse de la lumière pour les capteurs à hyper fréquence).
La hauteur d'eau ainsi mesurée est renvoyée directement à un poste de contrôle.


Au premier plan, une sonde piézo
automatique en aval de la digue


A l'époque, cette sonde se serait
située à droite, après la passerelle


- Enfin, la règlementation imposant maintenant qu'une bande de 15 mètres soit vide de tout arbre autour de l'ouvrage, une campagne d'abattage devrait prochainement compléter celles déjà réalisées

    
La vue devrait donc encore se dégager après quelques menus travaux...


Toutes les photos de ce paragraphe datent de Janvier 2015

La maison de garde

- Sa construction fut décidée par l’Etat en 1847 mais ne sera mise en service qu’en 1855. 

- Située dans le prolongement du barrage, l'ancienne Maison de garde (la Maison "du" garde), aussi appelée la maison des ingénieurs, avait précisément pour fonction de loger les ingénieurs du barrage, mais aussi le garde du lac, fonctionnaire de l’Etat qui devait surveiller les moindres mouvements du barrage et transmettre les information de la station météorologique (située maintenant au nord de la maison du garde, toujours en service mais automatique).


Pot à lait ?
Non ! Station météorologique automatique.


La Maison du Garde, en travaux
(début 2012)


L'avancement des travaux
(Novembre 2012)

 


La Maison de Garde terminée...

 


... et identifiée (février 2016)


- Le garde du barrage avait ses quartiers derriere cette petite fenêtre que l'on aperçoit au centre du bâtiment, au niveau de la toiture.

Cette fenêtre est placée juste dans l'axe de la digue et devait lui permettre de voir si une quelconque anomalie se produisait.
Cet agent devait être un extraterrestre car pour déceler quelque chose de ce genre à l'oeil nu il faut être fort, très fort !

Heureusement rien n'a jamais été détecté, une chance car c'eut été probablement bien trop tard.

- Plus tard, les ingénieurs viendront en villégiature dans cette maison, à l’époque où le tourisme se développe autour du lac des Settons, dès le début des années 1900.

- Ce bâtiment en restauration dès la fin 2011, devait abriter "La maison des Grands Lacs".
C'est chose faite. Elle est aussi le siège de l'Office de Tourisme des Grands Lacs du Morvan depuis le 28 juin 2013, date de son inauguration.
La dénomination en est aujourd'hui changée : Office de Tourisme Sommets et Grands Lacs.

- L'accueil y est pour le moins sympathique. Tout y est, location de vélos, conseils de visites, renseignement de tous ordres et présentation d'une sélection de produits locaux. Un Office de Tourisme quoi...

Hélàs, je pense ne pas être le seul à "pleurer" en regardant "les bouts de bois" qui encadrent le tout. Monsieur l'architecte, si vous lisez ces lignes, un conseil, ne recommencez plus jamais "ça"... Le Parc aurait pourtant tendance à titiller les habitants pour moins que ça...

    
On aime... Ou pas ! Mais alors vraiment pas !


Heureusement, ce nouveau parc pour les enfants apporte une note plus sympa.
 

Ma P'tite école

- Face à la maison de garde, en bout de digue, se trouve "la maison des agents", construite en 1899 pour abriter les agents chargés de la surveillance des travaux du mur de protection amont.
Lorsque la digue fut achevée, elle fut louée à des particuliers. 
- En 1926, cette maison deviendra une école pour les enfants des villages voisins.
Une vingtaine d'enfants la fréquentèrent, jusqu'à sa fermeture, le 30 juin 1987.


    

    
La "P'tite école", actuellement en travaux (début 2012), doit devenir
la "Maison des écoles de hameau".
Un contentieux en cours reporterait l'exécution des travaux au courant 2015.

Enfin un musée :
Après bien des vicissitudes, ma p'tite école est enfin devenue le musée des écoles de hameau du Morvan.

    
En 2016, Ma p'tite école est prête à reprendre du service et,
à l'arrière, la source a été nettoyée et coule toujours...

Anciennement installé dans l'ancienne gare de Montsauche les Settons, elle va rouvrir ses portes définitivement dans l'ancienne école restaurée des Settons, au bord lac, près de la digue et de la Maison des Grands Lacs.

Dans une salle de classe 1920/1950, vous retrouverez vos souvenirs d'enfance ou ceux de vos aïeux, écrire à la plume, faire les exercices ou les jeux d'autrefois.
Approchez l'histoire du Morvan à travers ses écoles de hameau.

    


Une petite idée de ce que vous verrez...


Bientôt ...

Du 15 juin au 30 septembre, des animations seront programmées, notamment de 18 h à 19 h une ou deux fois par semaine (affichage au musée)

Voir le site de Ma P'tite école : http://www.lessettons.com/

La croix des Settons et la croix de Chazelle

- La croix de granit, apposée sur le barrage et baptisée l'après-midi du 13 mai 1858 par le vicaire Pierre-Louis-Marie Cortet, désigne le centre exact de l’édifice.
Une particularité peu visible du haut de la digue, cette excroissance placée sur le mur aval et marquant l'emplacement de la croix.


La croix vue du mur aval et cette curieuse "excroissance"

- Il existe une copie de la croix des Settons que l'on qualifie généralement de "sœur jumelle".

Il s'agit de la Croix de Chazelles que l'on trouve au hameau du même nom, à environ 1 km à l'Ouest du bourg de Montsauche. 

Toutefois, s'il s'agit de soeurs, ce ne sont en aucun cas des jumelles !

Un petit détail n'a pas échappé à l'oeil exercé de Janine Bardonnet, Présidente de l'Association "Ma P'tite Ecole" et spécialiste du lac des Settons et de son barrage.

En effet, les deux croix ont le même socle et la même colonne verticale à section hexagonale, les deux ont les bras horizontaux à section hexagonale également, et à chaque extrémité du bras horizontal il y a un gros cube de granit.
Mais voilà, les deux cubes de granit des Settons sont taillés avec des pans biseautés, ceux de la Croix des Chazelles sont parfaitement cubiques, avec des arêtes vives.


- Alors que la croix des Settons est nue, la croix de Chazelle est gravée horizontalement par les termes « o crux avé », ce qui pourrait se traduire par « Je vous salue, ô croix » et verticalement par un premier mot « spes », « espérer, espérance ? », puis un second « unica », « unique ? », qui pourraient se traduire par « Unique espoir »

Le socle lui même affiche une « Mission de 1898 ».



La croix des Settons
Pans bizeautés


          La croix de Chazelle
Pans cubiques et inscriptions

    
      Le socle de la croix de Chazelle

- Un rapprochement entre l’œuvre d’assistance des « Petites sœurs de l’Assomption » arrivées à Nevers en 1898 et ayant pour mission d'aider les personnes dans le besoin de la Nièvre et l’utilisation du double de la croix pour symboliser leur arrivée en Haut-Morvan serait-il cohérent ? Toutes les suppositions sont possibles, la totalité des archives de Montsauche, y compris les archives paroissiales qui étaient détenues en Mairie depuis 1789, a été brûlée par l’armée allemande lors de la destruction du village le 25 juin 1944.

Le Flottage du bois

Voir également le sujet consacré au flottage du bois sur ce site, ICI
- Le 23 juillet 1546, des lettres patentes attestent que Gille Deffroissez, Maître de forges en nivernais, aurait réalisé et réussi des essais de flottage sur la Cure.

- Le 20 avril 1547, Charles Leconte, réel précurseur en matière de flottage a conduit au port des Célestins le premier train de bois provenant du nivernais par la rivière Yonne.

- En 1547, René Arnoult obtint du Roi Henri II des lettres patentes pour le privilège de faire flotter du bois sur l'Yonne et la Cure.

- En 1820, l'Yonne et ses affluents charrient 92 500 cordes de bois (46 250 décastères)

- Le barrage du lac des Settons a été construit pour faciliter le flottage du bois en se servant de la rivière comme moyen de transport. Le flottage du bois "à bûches perdues" est une des plus grandes traditions morvandelles.

- Le flottage du bois commençait le 1er novembre à la foire de Château-Chinon où le bois, amené, empilé et débité en morceaux de 1,14 m, était vendu par les morvandiaux aux marchands de bois parisiens.

- Les bûches portaient à chaque extrémité la marque poinçonnée de son propriétaire ou de l’exploitant.

- Le «jet» était produit par une vaste «chasse d’eau», «poules d’eau» et «canardiers» étaient chargés de faciliter la progression sans encombres des bûches le long des rivières. En aval des lacs et étangs, toute la famille morvandelle était employée sur le flottage et il n’est pas rare encore aujourd’hui de retrouver dans les vieilles maisons le «croc» de son ancêtre.

- "Sur la Cure où il flottait depuis les Settons, le bois n’était embarqué qu’au grand flot en mars et avril, deux ou trois jours suivant la disponibilité de la retenue d’eau...".

- On arrêtait les bûches à Arcy-sur-Cure et elles n’étaient lâchées sur Vermenton (dans l’Yonne) qu’au fur et à mesure des besoins. Là, le bois était sorti de l’eau et constitué en radeaux, des trains de 100m de long, soit 25 décastères de bûches reliées ensemble.

- En ce temps là, le Morvan servait à lui seul à chauffer Paris pendant tout un hiver.

- Ce moyen de transport connut un diminution drastique avec l’arrivée du charbon : le volume passe de 7 200 décastères en 1850 à 782 en 1920. Le flottage cesse définitivement d’exister en 1924.

Voir également les sites suivant, bien documentés : http://www.cheny.net (rubrique Le flottage),
et : http://bois.volants.free.fr/

Tourisme

- Vers 1920 le lac perd sa fonction principale, remplacés par le charbon, les bois ne flottent plus vers Paris.
Le lac est laissé à l’abandon pendant quelques décennies.
- Le barrage est classé monument historique en 1937.

Le lac a ensuite retrouvé une nouvelle fonction avec les congés payés, il devient un lieu de loisirs.
- En 1956 le premier camping ouvre ses portes, les hôtels se multiplient, le lac connaît alors son heure de gloire.
- Après la guerre, le lac retrouve une nouvelle fonction : le tourisme, il est alors un des lieux de villégiature préféré du Tout-Paris et se décline en établissements luxueux et en bateaux promenade à rame qui proposent la visite du barrage.
- Avec les congés payés, il devient un lieu de vacances et de loisirs plus populaire. On vient à la pêche en vélo, on plante sa tente sur le bord de l'eau et on se balade en barque. Peu à peu apparaissent les premières caravanes, les premiers pédalos et un hydravion propose des visites guidées.
- Vers 1970, on teste le ski nautique et la planche à voile pour la première fois.
- En 1972, la base départementale est créée. Elle propose hébergement et activités pour les jeunes qui viennent en colonie de vacances.
- En 2000, le port de plaisance se développe et devient une véritable petite marina (enfin... petite !).
- Aujourd'hui, le lac des Settons affiche 300 000 visiteurs par an, une gamme d'hébergements et de restauration très étoffée : 1100 lits, 100 000 nuitées et 6 millions d'euros de Chiffre d'Affaire par an. Toutefois, à fin 2014, cette offre d'hébergements et de restauration semble s'essouffler sérieusement.

     
Depuis le Père Coulbois, l'établissement s'est quelque peu modernisé
(Carte postale ancienne Collection Joseph Salguero)

    
Et "Les Terrasses" d'Henri Compain ont bien changées aussi depuis 1953 


- Deux îles émergent de ses eaux et lui confèrent "un profil d’oasis au cœur de la montagne" comme il est dit si poétiquement. La première, la Grande Ile, se trouve près de la "queue de la Cure" vers Chevigny (côté passerelle), l'autre, la Petite Ile, se trouve à la "queue du Lyonnet".


La Grande Ile

- Aujourd’hui, un sentier pédestre permet de faire le tour du lac au plus près de l’eau. La beauté du site et les multiples activités font de ce lac un lieu de séjour très fréquenté en été.

- Le lac des Settons est doté d’une base nautique où il est possible de pratiquer un grand nombre d’activités nautiques : catamaran habitable, pédalo, baignade surveillée, pêche ainsi que certaines activités nautiques motorisées.

Pêche : - Les pêcheurs apprécient le calme des rives du lac, classé en deuxième catégorie et la force de ses petites rivières où l’on peut trouver des truites fario et des brochets.
- Le lac des Settons a une richesse piscicole importante qui permet différentes techniques : brochets, belles truites, saumon de fontaine, carpes, perches et toutes sortes de poissons blancs.
- Un parcours de pêche à la carpe de nuit qui couvre presque toute la route touristique est ouvert aux mois d’avril, mai, juin, septembre et octobre.
- Le milieu piscicole relatif à la pêche est géré par l’Association de pêche et de protection du milieu aquatique du Haut-Morvan, qui se charge de percevoir les cotisations des cartes de pêche et de rempoissonner rivières et lac.
- Sur le lac, les endroits favoris des pêcheurs se situent derrière les îles dans les embouchures des rivières où on trouve les grosses truites et les saumons de fontaine, mais c’est vers le barrage que l’on trouve les plus gros brochets qui préfèrent les eaux profondes.

- Je me suis même laissé dire que la cure, en amont de la digue, abriterait une variété de moules perlières (laMargaritifera margaritifera, découverte par Linné en 1758)...

Le tour du lac :
- Le chemin de ronde du lac des Settons (environ 15 km) est intégralement praticable et accessible : promenade familiale (je ne serais pas optimisme au point de dire "intégralement" pour la poussette), pratique du vélo et de la randonnée.
- Ce chemin permet de visiter les plus prestigieux espaces du lac : la Maison du garde et le barrage, la table d’orientation du Cerney, la voie du tacot, la route touristique, le port de plaisance et la base nautique Activital.
- Une passerelle de 225 m à la queue du lac est l’attraction de ce chemin de ronde.

    
La passerelle sur le lac vide... Et sur le lac trop plein.

- Un observatoire ornithologique vous permet de regarder en toute discrétion les différentes espèces d’oiseaux de la solaie.

     
L'observatoire ornithologique

- La forme de l'observatoire rappelle clairement les constructions d'Alexandre Coulbois, le "Père Coulbois", charpentier savoyard venu s'installer dans le Morvan en fin de 19eme siècle et qui construisit une cabane sur la grande île, destinée à servir de refuge aux promeneurs qui venaient en barque.
Cette cabane était même dotée d'une cave en sous-sol !
Elle fût incendiée par des visiteurs imprudents, aucune trace ne subsiste, sauf peut-être quelques débris sous les ronces...


La cabane du "Père Coulbois" telle qu'elle était jadis et
probablement Alexandre Coulbois lui même devant son oeuvre
(Carte postale ancienne - Collection Joseph Salguero)

Les GR :
- Pour les marcheurs, le sentier de grande randonnée GR 13 relie Vézelay à Bibracte, en passant par Pierre Perthuis, Chastellux sur Cure, Marigny l'Eglise, Dun les Places, Gouloux, le lac des Settons, Anost, Athez, le Sommet du Haut-Folin (point culminant du Morvan avec 901m), Glux en Glenne et le Mont Beuvray. Superbe (mais long...)

- On peut également rejoindre Autun par le GR131.

Et pour une balade complète autour du lac, installez mon appli sur votre Smartphone, tout y est... A voir ici :
Pour un diaporama des Settons d’aujourd'hui c'est ici :  
Ou d’autrefois :
l

 


Photo d'un ancien article d'Elisabeth Berthier-Bizouard
Correspondante locale du "Bien Public" de 1995 à 2020,
Exposition en Mairie de Saint Germain de Modeon

Sources documentaires

Janine Bardonnet :
- Le lac des Settons, son histoire d'hier à demain,
- Naissance du lac des Settons 1858-2008
Editions « Ma p'tite école » : www.lesSettons.com

- DDT 58-SSPR-Subdivision Loire : Avec tous mes remerciements, notamment à Olivier C. et Serge L. pour leurs explications et pour m'avoir permis toutes les photos de la salle des machines et de l'aval de la digue. 

- « Pour mémoire n°9 », Les barrages en France du XVIIIè à la fin du XXè siècle (Histoire, évolution technique et transmission du savoir) par Jean-Louis Bordes, ingénieur des Arts et Manufactures, Docteur en histoire (Publication CGEDD)
- Comité Français des Barrages et Réservoirs,
http://www.barrages-cfbr.eu/
- Parc Régional du Morvan,
http://www.parcdumorvan.org/
- Wikipédia,
http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Grands_lacs_du_Morvan
- Nièvre tourisme,
www.nievre-tourisme.com
- Les grands lacs du Morvan,
http://www.grandslacsdumorvan.com/
- Seine Grands Lacs (ex IIBRBS), http://www.seinegrandslacs.fr/
- Annie Delaitre-Rélu : Le Grand Flot : tirage, tricage, empilage
- Cartes postales anciennes : Collection Joseph Salguero

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