Corbigny


  
Les Corbigeois et les Corbigeoises habitent ce village situé « Aux Portes du Morvan », en limite du Nivernais,
à une altitude relativement faible située entre 182 et 275 mètres.
Ils sont environs 1750 répartis sur prés de 20 km².

Situation

 

La commune est traversée par l’Anguison.

Ce cours d’eau, affluent de l'Yonne et d’une longueur d’environ 30 kilomètres, prend sa source à Vizaine près de la commune d'Ouroux-en-Morvan.


L'Anguison traverse Corbigny...


... Gardez lui quelques pièces.


Le canton de Corbigny comprend 15 communes dont 4 seulement sont communes du Parc Naturel Régional du Morvan (Cervon, Gagogne, Mhère et Vauclaix), Corbigny étant commune « partenaire ».

Le Corbigeois se situe, d’après le découpage des entités géographiques du Parc, dans l’une des zones appelées «les Piémonts».

Située à quelques 30 km de Vézelay (mais aussi à 25 km de Saint-Père), Corbigny fut longtemps considéré comme l’une des toutes premières étapes des pèlerins en route pour Saint-Jacques de Compostelle

Origines - Étymologie

Il y a peu d’informations sur les origines de Corbigny.

On peut toutefois en trouver une, incertaine, remontant à un dénommé « Corbon » qui aurait été gouverneur du pays au VIIème siècle.

Certaines sources parlent également d’un toponyme gallo-romain, « CORBINACIUS », dont le sens pourrait-être « Le domaine (rural) de Corbinius ».

Ce toponyme comprendrait le nom originel d’une personne, Corbinius, ainsi qu’un suffixe « ACU » (ou « Acum », ou « Iacum » ou encore « Acon » ou « Acos » de sa forme gauloise) qui pourrait se traduire par « domaine ».

Un peu d'histoire

Corbigny aurait été le siège d’une antique seigneurie, terre allodiale ( affranchie de toute redevance au Moyen Âge) jouissant du titre de Baronnie.

- Les années 650 auraient donc vu l’édification d’une propriété, une « villa », au confluent de l’Yonne et de l’Anguison (le confluent se situe sur la commune de Marigny-sur-Yonne toute proche), par un Comte, seigneur de Corbon dont nous savons peu de choses si ce n’est qu’il aurait été à la fois Gouverneur militaire des « Pagus avalinsis et niversensis » (Pays de l’Avallonnais et du Nivernais) et riche propriétaire terrien.

Les origines de ce comte pourraient être situées dans le Perche mais rien n’est moins sur.

Dans son ouvrage « Antiquités et chroniques percheronnes ou recherches sur L’histoire civile, religieuse, monumentale, politique et littéraire de l’ancienne province du Perche », L. Joseph Fret nous livre notamment, de manière très romantique :

« A deux lieues Sud de Mortagne et à quatre cents pas à l’Est du bourg de Mauves se trouve un mince et chétif village c’est Corbon bâti sur l’emplacement de l’ancienne ville de ce nom qui dans les premiers siècles de la monarchie fut très importante et bien fortifiée. On ne peut révoquer en doute son antique existence et le rôle qu’elle a dû jouer en sa qualité de capitale du pays. Cette noble cité dont il ne reste pas aujourd’hui pierre sur pierre élevait ses créneaux et ses fortes murailles dans un riant et fertile vallon sur les bords de l’Huisne qui roule en décrivant mille sinuosités ses eaux transparentes au milieu des vastes prairies où paissent çà et là de nombreux troupeaux.
Dès les temps les plus reculés lorsque l’immense forêt du Perche couvrait presqu’en entier le sol de l’ancienne province se trouvait comme je l’ai déjà dit à l’Ouest et au midi de ces amples solitudes une circonscription de pays borné à l’Est par la Commauche et l’Huisne et au Nord par la Sarthe cette circonscription portait le nom de Corbonnais de celui de sa principale ville. La fertilité du territoire cultivé dès le temps des Gaulois, la beauté du site, sa situation au centre du pays auront fait choisir ce lieu pour l’emplacement de la capitale de la province. Les ténèbres qui enveloppent l’origine de Corbon sont trop impénétrables pour nous permettre de découvrir rien de positif à cet égard. Les Gaulois ou les Romains furent ils ses fondateurs ? Dieu seul s’en est réservé le secret, toujours est il qu’elle fut la capitale du Perche avant le château de Mortagne. Une première preuve de ce que je ne crains pas d’avancer ici c’est que tous ou presque tous les historiens du pays qui furent contemporains de cette ville ou qui écrivirent peu de temps après sa destruction ne désignaient le Perche que sous le nom de pays de Corbon, regio Corbonensis et ses habitants que sous celui de peuples du Corbonnais. Je citerai entre autres le célèbre Orderic Vital qui dans son Histoire ecclésiastique de Normandie n’emploie jamais d’autre terme en parlant des Percherons que celui de Corbonienses habitants du Corbonnais et en parlant d’un comte du Perche c’est toujours ou presque toujours Cornes Corbonensis ou Corboniensis… »

« Une seconde preuve qui jette un nouveau jour sur cette question c’est que la ville de Corbon fut le premier siége de l’archidiacre du Perche établi dans le pays à une époque immémoriale par l’évêque de Sèez sous le titre d’archidiaconé de Corbonnais. Ce titre survécut à la ruine de la ville puisqu’il a existé jusqu’à l’abolition des dignités ecclésiastiques en 1790…»

« Après avoir longtemps fait partie du comté d’Hyesmois dont il n’était qu’une vicairie, le Corbonnais fut dans la suite érigé en comté. Il portait déjà ce titré avant l’an 853. Il avait sous sa dépendance le Bellêmois, le canton de la Ferté sur Huisne aujourd hui Ferté Bernard et très probablement la vicairie de Sonnois, quoique ces deux derniers relevassent pour le spirituel de l’évêché du Mans. En 853 le roi Charles le Chauve envoya en qualité de commissaires pour visiter cette partie du royaume l’évéquè Dudon, Chrobert et Osbert. Ces commissaires royaux sont désignés par les auteurs du moyen âge sous le nom de missi dominici. La barbarie de ces temps les guerres intestines sans cesse renaissantes, l’invasion des Normands, la confusion, l’ignorance et les désastres qui en étaient la suite sont les principales causes qui nous ont privés de renseignements plus étendus sur cette époque de notre histoire Les premiers comtes ou seigneurs de Corbon nous sont totalement inconnus. Nous lisons seulement dans la Notice des Gaules qu’en 861 le même Charles le Chauve ayant revêtu Robert le Fort du titre de duc de France, le comté de Corbonnais ainsi que celui de Chartres relevèrent du duché de France et la nomination des comtes était dévolue aux ducs… »

- Le Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France de Louis Alexandre Expilly de la Poipe, quant-à lui précise ceci :
« Ce qu’il y a de bien assuré c’est que Viderade ou Waré (Widéradus), fondateur du monastère de Flavigny, fils d’un puissant seigneur, nommé Corbon, était abbé de Saulieu comme on le voit par son testament de l’an 706 par lequel il fait des legs considérables à la Basilique de St Andoche : - Do ad basilicam sancti Andochii martyris - expression qui désigne une église également grande et magnifique… ».

- Widéradus, fils du fameux et mystérieux comte de Corbon, était donc le fondateur du monastère de Flavigny, qui de fait n’était pas encore une Abbaye.
Mais rien n’explique quand, comment et pourquoi un comte de Corbon, dont nous ne savons rien des origines et de la disparition « Percheronne », serait arrivé en nivernais.

- C’est en 720 que Widéradus, fils de Corbon, aurait érigé le monastère en abbaye de Flavigny selon la règle de Saint Benoit (Benoit de Nursie, 480-547, fondateur de l’ordre des bénédictins) et dont la charte aurait été approuvée en 745 lors du concile d’Autun.
Cette érection n’était probablement pas étrangère aux richesses dont le lieu semblait déjà faire état. En effet, on peut estimer que la vingtaine de terres alors léguées à l’Abbaye de Flavigny par Widéradus pouvait a elle seule représenter quelques 40 000 ha (400 km²).
Dans ce testament, Wideradus aurait fait écrire (en toute modestie…) :
«  … J'ai construit un monastère sur mes propres fonds et à mes frais au lieu nommé Flavigny ; j'ai légué selon la règle à l'abbé Magnoaldus et à ses moines pour qu'ils le possèdent à perpétuité ... ».

- Le premier abbé de Flavigny serait donc Magnoaldus, mort en 745. Son successeur, Manassès le Grand, élu à son tour abbé de Flavigny, meurt en 788, non sans avoir décidé au préalable (et en toute charité chrétienne…), de ne pas laisser aux fermiers quelques libertés qui pourraient être défavorables aux intérêts de Flavigny, et de bâtir un prieuré, soumis, il va de soit, à l’abbaye mère.

- Cette idée que Manassès le Grand aurait eut en 776 soit 12 ans avant son décès, ne fut rapportée à Charlemagne qu’en 798 par Théodulphe alors évêque d’Orléans. Charlemagne accéda a cette demande (certaines sources précisent que cette demande fut confirmée par un « diplôme » concédé à Manassès, seulement ce dernier était mort depuis déjà 10 ans au moins…).

- Un siècle plus tard, en 860, sera donc fondé au Mont d’Abbon (Mons Abbonis), sur l’emplacement présumé de la « villa » de Corbon, le monastère de Corbigny, non sans que fut rappelé à ses moines, y compris pas les menaces « d’éternelle malédiction », la dépendance souveraine à l’Abbaye de Flavigny.

- Un autre siècle passa et les moines de Corbigny se déclarèrent libres et indépendant.
Il furent aidés en cela par le comte Robert de Nevers, un moine qui venait tout juste d’être expulsé de l’Abbaye de Flavigny et qui profita de l’occasion pour manipuler des religieux opprimés par un siècle de servilité.

- En 882, des religieux fuyant les invasions normandes, auraient confié les reliques de Saint-Léonard au monastère de Corbigny. Saint-Léonard était le moine fondateur de l'abbaye de Vandoeuvre (Saint-Léonard-des-Bois – Sarthe). Il mourut le 15 octobre 570 et fut enterré en l’abbaye qu'il avait fondée.
Mais ! Il existe aussi des reliques d’un Saint-Léonard en Limousin dont l’authenticité est également réclamée depuis le 12ème siècle…

A n’en point douter, à cette époque, il ne devait pas être rare de voir « se sauver » de pseudo moines cherchant à négocier plus qu’à sauvegarder de prétendues reliques…
Les reliques de saint-Vétérin (Vétérin de Gennes, saint chrétien, confesseur, disciple de saint Martin, n’est pas le saint patron des vétérinaires…), auraient, elles, été données au monastère de Corbigny par les moines de Tournus.

- En 985, Robert de Nevers dit Robert-le-Diable, prend (d’autorité) le titre d’Abbé de Corbigny, avec tous les insignes dus à ce rang, et pousse les moines à la révolte.

- A sa mort en 1034, les biens de l’Abbaye sont dilapidés. L’Evêque d’Autun tente de remettre de l’ordre, replace le monastère de Corbigny sous la dépendance de Flavigny et abolit son titre d’Abbaye.
Il est fréquent de lire que cette ancienne Abbaye demeurera contre heurs et malheurs sur son « promontoire rocheux » et permettra le développement d’une bourgade autour d’elle. Rappelons tout de même que Corbigny est située entre 182 et 275 mètres, l’actuelle abbaye elle-même étant à environ 200 mètres d’altitude… l’originelle, située sur l’emplacement de l’actuelle chapelle de Sarre est à 220 mètres, ce qui relativise le promontoire.

- En 1050, les reliques du monastère attirent de nombreux pèlerins. Il est à nouveau élevé au rang d’Abbaye (et, oh miracle, des guérisons s’accomplissent…), contribuant ainsi au développement de Corbigny.

- En 1107, après d’incessantes querelles depuis le coup de force de Robert de Nevers, l’indépendance de l’abbaye est confirmée par le Pape Pascal II et devient « Corbegni-les-Saint-Léonard ».

- En 1157, au cas où il en aurait été besoin, cette confirmation est également confirmée par Adrien IV. Puis la bourgade grandit, les legs sont nombreux, le commerce se développe et prospère, les paysans continuent d’être exploités par les moines, et des fortifications commencent à s ‘élever… jusqu’à ce jour de 1180 où un effroyable incendie détruisit la quasi-totalité du bourg ainsi que l’abbaye.
La reconstruction de l’abbaye prit 10 ans, engendrant des dettes importantes.
Il semblerait qu’elle ne fut pas reconstruite sur l'autre rive de l'Anguison comme on peut parfois le lire mais du même côté, dans la boucle du centre ville, à environ 1 km au Sud-Ouest.
Seule subsiste de l'ancienne abbaye ce que l’on peut voir aujourd’hui comme la chapelle de Sarre.

- En 1200, Innocent II confirma à nouveau l’indépendance de l’abbaye, ce qui ne fut probablement pas sans effet sur les décisions prisent par la suite par l’abbé Gauthier.

- En 1228, le dit abbé Gauthier cherchant à soulager son monastère des dettes auxquelles l’avaient conduit la reconstruction, eut l’idée de recourir à l’affranchissement de ses sujets en leur proposant de racheter leur servitude.
Contre une somme de 500 livres et une rente annuelle de 10 sous chacun, ils reçurent un acte d’affranchissement qui leur permit de s’ériger en commune et d’élire un échevin… Ce qui permit à Grégoire IX de confirmer (lui aussi) à perpétuité, la charte de bourgeoisie établie.
Cette démarche n’était pourtant pas nouvelle car à en croire l’abbé Jacques Félix Baudiau, elle se pratiquait déjà quelques années auparavant :
« Les seigneurs obligés d’équiper leurs hommes d’armes à leurs frais et de pourvoir à leurs besoins pendant le cours de ces lointaines expéditions contractèrent des dettes considérables. La plupart furent contraints d’affranchir les villes et les principaux de leurs sujets et même d’engager leurs fiefs en tout ou en partie pour se procurer quelque argent. La ville de Vézelay la première obtint un acte d’affranchissement de l’abbé de Sainte Magdeleine et s’érigea en commune. Quelques années après, en 1199, le duc de Bourgogne Eudes accordait la même grâce à celle d’Avallon qui pourtant n’eut ses échevins et son corps municipal qu’en 1214 ».

- En 1254, l’abbé Guillaume II de Viviers à son tour abbé de Corbigny, prend quelques libertés avec les statuts de la communauté au point que règne le plus grand chaos et que l’évêque d’Autun en vient à excommunier tout le monde.
Cette excommunication sera levée par le pape Alexandre IV après que la communauté se soit repentie et ait demandé l’absolution.

- Suivent 150 ans de calme propices à l’enrichissement de l’abbaye qui continue à recevoir des legs, à faire fructifier ses avoirs et à bénéficier de la protection maintenant effective du roi Charles V.

- Le début du 15ème siècle, la guerre de cent ans, c’est bien sur les hostilités entre la France et l’Angleterre, mais c’est aussi les Armagnacs, pro-français et les Bourguignons, pro-anglais qui se massacrent.
C’est aussi à Corbigny, l’abbé Hugues II qui soutient les Français alors que les bourgeois penchent pour les Anglais, puis ce sont les murailles qui sont érigées avec la bénédiction du roi mais sous la condition posée par l’abbé qui impose que les murailles de la ville soient moins élevées que celles de l’abbaye…

- En 1423, les Armagnacs prennent le monastère (… qui était de leur côté…) et assiègent la ville pendant 3 mois.
Les bourgeois tentent alors une sortie et repoussent les assiégeants qui s’enfuient (avec l’aide de l’abbé) non sans brûler et détruire tout sur leur passage.
L’abbaye est de nouveau dévastée et les réparations recommencent.
La toiture de la chapelle prendra 2 années, l’abbaye quant-à elle manque à nouveau d’argent.

- En 1435, le Pape Eugène IV ouvre pour 20 ans le « trésor des indulgences », source intarissable de revenus, à ceux qui contribueraient à la restauration de l’édifice.
Les travaux durèrent jusqu’en 1451. (A noter que c’est par ce même artifice des indulgences que le pape Jules II fit reconstruire en totalité la Basilique Saint-Pierre de Rome dès l’an 1506…)

- Après 1541, la réforme, quoique modestement adoptée en Bourgogne, commence néanmoins à faire son chemin, particulièrement à Corbigny.

- Dès 1549, l’utilisation des cours d’eau pour le flottage du bois et l’intérêt financier qu’il éveille, attire de nouveaux venus, des « étrangers », dont quelques-uns se livrent à un prosélytisme protestant empressé.

- S’ensuivra entre 1552 et 1598, date de la signature de l’Edit de Nantes, une période sombre au cours de laquelle on s’entretue profusément entre catholiques et protestants.
Le 29 janvier 1563, les sieurs Nazot, maréchal de la compagnie de La Fayette, le capitaine René de Monceau sieur de Blannay et Louis de Blosset seigneur de Précy, s’introduisent avec leurs hommes dans la ville non sans quelques complicités et, probablement par vengeance de la cuisante défaite qu’ils venaient de subir à Dreux, pillent, égorgent et brûlent.
Corbigny n’a encore plus d’abbaye et les pèlerinages cessent évidemment.

- Le 15 mai 1574 fut l’épilogue d’une affaire d’héritage concernant un défunt dénommé Tixier, issu d’une ancienne famille de Saint-Saulge qui fit quelques remous.
Sa veuve Julitte Mige dame de Coulon prétendait pouvoir exclure sa belle-sœur Félice Tixier au prétexte de la forclusion qui consistait dans certains cas en l’exclusion des femelles au profit des mâles. C’est à cette date que l’affaire portée devant les tribunaux se termina par un arrêté du parlement de Paris qui décida « que la prévôté de Corbigny et tous les lieux où l’abbaye de Saint-Léonard avait droit de justice, le comté de Château Chinon, la baronnie de Lormes Challon, celle de Saint Martin du Puy, la justice de Vésigneux, les terres et seigneuries de Ruères, de Parjot, du Pontot, la prévôté de Domecy sur Cure et généralement tout le pays situé entre l’Yonne et la Cure, étaient exempts de la forclusion comme faisant autrefois partie de la Bourgogne où cet usage n’était point établi »
Le Morvan dût donc utiliser par la suite cet arrêt qui fit jurisprudence pour tous droits de succession.

- En 1624, des religieuses des Ursulines venues d’Auxerre s’installent à Corbigny.

- En 1626, Erard de Rochefort est nommé abbé commendataire à la condition de reconstruire l’abbaye (un ecclésiastique, ou parfois un laïc, nommé pour tenir un établissement religieux « in commendam », c'est-à-dire en percevant les revenus mais sans exercer la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines). Ce qu’il fit, prioritairement dans son plus grand intérêt et en toute impunité jusqu’en 1644.

- En 1645, Louis XIV donne l’abbaye à Armand de Bourbon qui n’a alors que 16 ans. Peut de chose ont été faites jusqu’à ces jours de 1652 où il est enfermé à Vincennes pour s’être lié à la fronde.

- En 1685, l’Edit de Nantes est révoqué par l’Edit de Fontainebleau. Jusque là s’était établi une dure cohabitation. Désormais la religion réformée est interdite et l’on prête à l’évêque d’Autun dont dépend toujours Corbigny, les propos suivant : « Sa Majesté a été bien aise d’apprendre le bon succès des conversions... ».

- En 1732, l’abbé Pucelle qui occupe « un poste important auprès du pouvoir… », dépose une protestation auprès de Louis XV. La réaction du souverain est d’envoyer immédiatement l’abbé à Corbigny.
Son exil durera jusqu’à son décès en 1745. Il fut remplacé par Jean Omelane.

- Ce nouvel abbé, proche du Duc d’Orléans, n’entretient pas d’excellents rapports avec les moines. L’abbaye de Corbigny a décidément hérité d’un nouveau maître de la roublardise. Il décide de partager en trois tous les biens de l’abbaye, puis change d’avis et demande alors plus que le partage… Il fallut une intervention supérieure (pas divine…) pour lui faire entendre raison.

- En 1777, Xiste Louis Constance Roux de Bonneval est nommé abbé de Corbigny. Il sera le dernier à présider aux destinées religieuses de ce lieu. Les travaux conduisant à l’actuel édifice peinent en raison des manques d’entretien et des travaux hasardeux de ses prédécesseurs.

- Et le 2 novembre 1789, la révolution vient confisquer tous les biens du clergé. Corbigny est mise sous séquestre.
Comme le rappelle l’abbé Jacques Félix Baudiau, curé de Dun-les-Places dans ses « essai géographique, topographique et historique sur cette contrée » : « La main qui détruit est toujours plus habile que celle qui édifie. Il suffit à la fin du dernier siècle de quelques instants pour anéantir tous les établissements religieux fondés par la piété de nos pères. Les abbayes, les prieurés, les couvents de toute espèce qui avaient coûté tant de sacrifices et où la piété et la vertu avaient fleuri si longtemps, disparurent tout à coup de la surface du sol morvandeau… »

- Le 15 juin 1791, pendant la constituante, Pierre Denis, un maître d’école achète l’abbaye pour 42 000 livres, la revend en 1793 à douze particuliers qui la revendent la même année à la toute jeune municipalité qui ne sait qu’en faire, quoi en tirer en cette époque… une municipalité qui a récupéré la patate chaude !
Jacques Félix Baudiau de préciser là encore : « Ainsi pendant ces derniers cinquante ans nous avons vu les Ursulines rentrer dans leurs établissements d’Avallon et de Corbigny, les sœurs de la Charité chrétienne de Nevers reprendre le soin des hôpitaux…».
Il est certain que le contraste entre le 17ème siècle, bâtisseur d’édifices religieux en tous genres, et le 18ème siècle destructeur impénitent, est saisissant !

Pour arriver jusqu’à nos jours l’abbaye abritera successivement:
- Entre 1807 et 1832, les haras nationaux.
- Entre 1834 et 1850, elle fut louée à l’évêque de Nevers pour l’établissement d’un petit séminaire.
- Entre 1850 et 1858, le bail est transféré aux Frères de la doctrine chrétienne, venus de Nancy, qui ouvrent dans l’abbaye le pensionnat Saint-Vincent de Paul.
- Entre 1858 et 1887, l’école primaire normale départementale
- Entre 1938 et 1983, école maternelle, salle des fêtes, cours complémentaire de garçons, CEG, collège d’enseignement secondaire…
- En 2001, l’abbaye obtient son classement au titre des monuments historiques
- Depuis 2003, c’est un bâtiment ouvert à tous pour des usages artistiques et citoyens partagés (studio de danse, chambres destinées aux artistes en résidence, bureaux et salles de travail, caves, installation de l’office de tourisme…).

Le rapport au feu de cette abbaye perdure malheureusement.
Dans la nuit du 11 avril 2012, un ancien bâtiment appelé « la poulaillerie » en a hélas fait les frais.



Image extraite des actualités de la ville de Corbigny

- En 2013, l’abbaye est toujours en cours de restauration, des travaux importants et remarquables dont le montant s’élève à quelques 1,3 millions d’Euros.

Tourisme

Abbaye Saint Léonard :
Désormais ouvert au public (bien qu’en travaux), ce bâtiment en forme de « U » permet de découvrir, notamment :
- Un puits circulaire à colonnes (fermé par une grille et affichant quelque ressemblance avec la fontaine « Caristie » de Saulieu)

- L’église abbatiale
- Les ferronneries, huisseries, escalier et fers forgés d’origine
- Le porche « Gendarmerie » sur une ancienne entrée fortifiée

Eglise Saint Seine :
Située le long de l’Anguison, l’église Saint-Seine de style gothique flamboyant a été construite sur les ruines d’un premier sanctuaire paroissial corbigeois datant de 1134.
Elle fut consacré en 1537 (sa date de construction dite du XVIème siècle est imprécise) et se caractérise par :
- une nef à chevet plat sans transept
- des piliers ronds sans chapiteaux


- trois chapelles (l’une d’elle est aménagée en sacristie)
- un maître autel en marbre rose et blanc (provenant de l’Abbaye)
- un lutrin (petit meuble pour lire ou écrire commodément un livre, particulièrement utile si l'ouvrage est volumineux, précieux ou ne peut être tenu à la main) en bois sculpté de style Louis XV (classé et provenant de l’ancienne chartreuse du Val-Saint-Georges proche de Pouques-Lormes et détruite au XVIème siècle)
- 22 stalles du XIIème siècle 


Les stalles et le lutrin


Les stalles

- deux bénitiers classés en fonte dont un datant de 1584
- deux statues en bois polychrome représentant Saint Seine et Saint Augustin
- des fonds baptismaux du XVIIIème siècle en marbre rose et cuivre (classés)


Les fonds baptismaux et les
statues en bois polychrome


Un bénitier


- un triptyque central représentant le Sacré Cœur entouré de Saint Léonard et Saint Seine
- un monumental chemin de croix offert en 1899 par la famille Charie-Marsaines.


La chapelle de Sarre :
Cette petite chapelle faisait initialement partie du prieuré construit sur l’initiative de Manassès le Grand en 788.
Un autel en pierre y aurait recueilli les reliques de Saint Léonard après l’incendie de 1180.

Le « banc » situé à côté d’une croix en pierre devant la chapelle pouvait être une « table des morts » ou
« pierre des morts », dont la vocation était de servir de lieux de prières ou de chants funèbres ou à matérialiser le lien entre le Laïc (le quotidien) et le sacré que symbolisait alors cette chapelle.

La tuilerie de la Chapelle de Sarre :
La terre, l’eau, l’air, le feu…
Cette tuilerie-briqueterie date du XVIIIème siècle et continu de fonctionner.
Dans ses 4 fours chauffés au bois, elle produit, à l’ancienne, des briques, tuiles, dalles ou autres plinthes.
La simplicité du processus de fabrication mais aussi et surtout un remarquable savoir-faire permettent de retrouver tous ces produits que l’industrie moderne ne sait plus fabriquer.


La halle de séchage...


... et sa charpente d'origine aux tuiles
 et litage neufs


La première coupe


Une presse de finition


L'empilage dans l'un des fours


Une curieuse vierge protectrice


Saint Fiacre quant-à lui, en plus d’être le saint patron des cochers (puis des chauffeurs de taxis) et des jardiniers, serait-il aussi celui des briquetiers de par sa bêche et le travail de la terre ? Toujours est-il que la statue (en terre) visible dans la briqueterie, œuvre d’un sculpteur amateur anonyme, est bien celle d’une sainte. Sainte-Agathe ?
A noter : un accueil extraordinaire, gentillesse, disponibilité et compétence pour une visite seul ou en groupe !

A Voir également sur Youtube cette vidéo
http://www.youtube.com/watch?v=pNIAtzWa3t0

La fontaine Sainte-Agathe :
Jadis et depuis les Gaulois, de partout en Morvan, on trouvait des sources et des fontaines où les femmes venaient tremper leurs seins et boire l’eau qui leur permettrait d’avoir du lait en quantité pour nourrir leurs enfants.
C’était déjà le cas à Bibracte, au Mont Beuvray.

Sainte-Agathe (Sainte « Gate ») était considérée comme la protectrice des femmes mais aussi et surtout, des nourrices.
La particularité de la fontaine Sainte-Agathe de Corbigny aurait été d’accueillir les nourrices ayant déjà beaucoup œuvré et dont le lait était épuisé.
La coutume voulait aussi qu’à la Sainte-Agathe on ne file et ne lave point pour ne point « brûler » ni « noyer » les enfants…

Monument commémorant l'accident du Dewoitine D 332 « L'Émeraude » :


Le Dewoitine "Emeraude"
Image Internet

Les essais, les vols de certification et la certification proprement dite du Dewoitine D332, unique appareil, ont eut lieu au cours du 2ème semestre 1933 (période qualifiée officiellement « d’essais prolongés »…).
L’appareil, le F-AMMY (Fox-Alpha, Mike 2 fois, Yankee), a ensuite rejoint Saigon en un peu plus de 48 heures de vol effectif entre le 21 et le 28 décembre 1933.
Au cours de son vol de retour le 5 janvier 1934, le D332 qui transportait 10 personnes (3 membres d’équipage et 7
« officiels »), connus de nombreux incidents : 12 heures d’immobilisation à Calcutta puis à Gwadar (Pakistan) en raison d’une tempête de sable, cet atterrissage vit l’éclatement d’un pneu qui endommagea le train et probablement une aile… Un nouveau départ dans la nuit du 9 au 10 janvier les conduisit à Damas où l’état du terrain (détrempé) ne permit pas de redécoller avant le 14. Puis se fut Athènes à 13h55, Marignane le lendemain entre à 14h23, et enfin Lyon-Bron à 16h20 en raison d’un fort Mistral. A 18h15, dernier décollage, pour Le Bourget où l’avion n’arrivera jamais.
De l’appareil prit dans une tempête de neige, le radio enverra ce dernier message à 19h34 : « … sommes dans la neige, altitude 1700 mètres… ».
Quelques minutes après, le D332 s’écrasait sur une colline au Nord de Corbigny.


Le Crash
(Image Internet, origine inconnue)


Viennent ensuite les questions et les constats :
- Dommages causés à une aile par l’éclatement d’un pneu ?
- Défaillance d’altimètre signalée à Bron ?
- Décollage dans des conditions météo défavorables ?
- Qui a voulu (ou autorisé) ce décollage ?
- Givrage important ?
- Incendie à bord avant le crash (selon témoins) ?
- Un passager, le Gouverneur Général d’Indochine, très pressé de rentrer à Paris ?
- Disparition de documents de la commission d’enquête ?
Ce triste épisode est symbolisé par une stèle de 26 mètres de large sur 19 mètres de haut représentant respectivement l'envergure et la longueur de l'appareil.


Le monument vu depuis le bas du chemin


La stèle au 10 noms


La forte dégradation du monument...


Le détail de l'un des médaillons


Ce monument réalisé en 1938 est constitué de quatre colonnes pointées vers le ciel, adossé à une stèle inclinée sur laquelle sont présentés dix médaillons nominatifs en hommage aux dix victimes.

A Voir également sur Youtube une remarquable vidéo de cet événement :
http://www.youtube.com/watch?v=7Pb-iUZMwdo

La gare de 1871 :
Entre 4 août 1901 et le 1er juillet 1903, les « Tacots du Morvan » ont desservi les communes situées entre Corbigny et Ouroux.


La gare du tacot

A partir du 1er juillet 1903, la ligne achevée permettait d’atteindre Saulieu.
Le 15 mars 1939, marqua l’arrêt de l’exploitation du trafic voyageurs, sur la ligne de Corbigny à Saulieu.
La route venait de prendre le pas sur le rail et de remplacer les 2 x 4 trains quotidiens qui assuraient en 4 heures les 76 km du parcours.

Le marché au cadran :
Ce marché aux bestiaux date d’avril 1991.
Un marché au cadran assure par un système d'enchères électroniques, la clarté de la fixation des prix, la rapidité des ventes et une comparaison avec les autres zones de production.
Cet affichage sur un écran, le « cadran », permet des enchères qui peuvent être progressives mais très souvent dégressives, le premier acheteur se manifestant emportant la vente.
Il est ouvert 1 fois par semaine pour accueillir vendeurs et acheteurs qui y échangent quelques 350 bovins et 250 ovins.
Ce marché est également ouvert aux particuliers qui souhaitent découvrir les mécanismes de ce type de vente.

Quelques célébrités

Étienne Poitreau :
Peintre de paysages né à Corbigny en 1693 et mort à Paris en 1767.

Hippolyte Lavoignat :
Graveur sur bois et peintre, né le 25 janvier 1813 à Laon (02), décédé le 24 octobre 1896 à Corbigny.

Édouard Pail :
Peintre, né à Corbigny le 17 octobre 1851, mort à Villeneuve-le-Roi (94) le 6 décembre 1916 Peintre de paysages nivernais, ses œuvres sont visibles aux musées de Nevers et de Clamecy.

Maurice Étienne Legrand :
Plus connu sous le nom de Franc-Nohain, est né à Corbigny le 25 octobre 1872, décédé le 18 octobre 1934 à Paris.
Avocat, membre du corps préfectoral, poète, humoriste et journaliste, il est également le père de Jean Nohain (dit Jaboune, 1900-1981), animateur de radio-télévision, et de l'acteur Claude Dauphin (1903-1978).

Sources documentaires

- Conseil général de la Nièvre
http://www.conseil-general.com/mairie/mairie-corbigny-58800.htm
- L’Abbaye de Corbigny, lieu de mémoire et monument historique, au travail et en travaux,
- Histoire abrégée, par Jean-Paul Sêtre et Michèle Viderman
- Le marché au cadran de Corbigny
http://www.cadrancorbigny-sicagemac.fr/
- Inventaire des sanctuaires et lieux de pèlerinage
- Corbigny Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Corbigny
- Patrimoine du Morvan
- La tragédie du Dewoitine D332
- "La tragédie de l'Emeraude", par Michelle Kahn (Editions du Rocher)
Et le monument commémoratif.
- Les « Antiquités et chroniques percheronnes ou recherches sur L’histoire civile, religieuse, monumentale, politique et littéraire de l’ancienne province du Perche » par Louis Joseph Fret.
- Le « Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France » par Louis Alexandre Expilly de la Poipe.
- « Le Morvand, ou essai géographique, topographique et historique sur cette contrée » par Jacques-Félix Baudiau, Curé de Dun-les-Places