Les Burgondes
Naissance du premier royaume de Bourgogne


Les Burgondes

- Dans la deuxième moitié du Vème siècle, les Burgondes servaient loyalement l'autorité romaine.

- En 451, ils avaient apporté leur concours au Patrice romain Aetius contre les Huns d’Attila aux Champs Catalauniques ( Bataille localisée aux environs de Châlons-en-Champagne, Duro Catalaunum à l'époque gallo-romaine, d'où provient le nom des "champs Catalauniques", cette localisation est l'objet de controverses).

- En 454, le patrice Aetius venait de tomber sous les coups de l'empereur Valentinien III. L'Empire romain d'Occident était à l'agonie. Sa fin était proche. Le peuple Burgonde dont le nom et la puissance allaient renaître allait se construire sur la faiblesse de l'Empire et s’étendre bientôt jusqu’à la Saône, sur Lyon et au-delà. Deux fils de Gondicaire, Gondioc et Chilpéric Ier, qualifiés tous deux de roi, conduisaient alors les destinées de la nation Burgonde. Gondioc avait sa cour à Lyon et Chilpéric Ier à Genève. « Les Burgondes avaient adopté un système successoral nommé par les modernes « tanistry ». Selon ce processus, les frères régnaient ensemble et le pouvoir passait à la génération suivante après la mort du dernier représentant de la génération précédente », jusqu'à ce que Gondebaud, fils aîné de Gondioc, le transforme en régime de primogéniture.

- À Ravenne, à la cour impériale, le patrice Ricimer – beau-frère de Gondioc, qui avait reçu pour épouse l'une des sœurs de celui-là –, tenait l'Empire. Ricimer gouvernait seul, faisant et défaisant les empereurs, les élevant, les renversant et leur ôtant la vie, selon qu'ils étaient utiles à son ambition ou qu'ils gênaient sa puissance.

- Sans esprit de conquête, les deux rois burgondes entreprirent en 456 une expédition en Espagne en portant assistance au roi Wisigoths Théodoric II pour combattre les Suèves d’Espagne qui furent vaincus dans une bataille près d'Astorga.

- L'alliance à la fois familiale et politique qui lia Gondioc et Ricimer fit la fortune des Burgondes et joua un grand rôle dans l'agrandissement de leur nation. Ricimer aux prises, dans les Gaules, à la rébellion d' Ægidius, le vengeur posthume des droits de Majorien, acheta leur concours par des concessions territoriales. Jusqu'à la mort de Ricimer, en 472, les Burgondes lui restèrent unis et Gondioc devint, en Gaule, l'homme de Ricimer. Pour prix de sa fidélité, Gondioc fut récompensé par Ricimer qui éleva, sous l'empereur Libius Severus, le roi burgonde au rang de « maître de la milice des Gaules » (Magister militum) et ajouta de nouvelles provinces à ses états. Par son titre de Magister militum, Gondioc disposait des forces romaines dans les Gaules.

- Gondebaud, un des quatre fils de Gondioc séjournait auprès de la cour impériale en 472. Avant de mourir en septembre 472, Ricimer avait obtenu de l’empereur Olybrius, pour Gondebaud, son neveu, la dignité de patrice. Investi de ce titre, il porta Glycerius sur le trône de l'Empire d'Occident (3 mars 473).

- Revêtus des plus hautes dignités romaines qui leur donnait le seul titre de légitimité auquel ils pouvaient prétendre sur leur sujets romains, les rois Burgondes disposaient des pouvoirs civil et militaire conférés par les Romains dans le quart des Gaules. Mais, en fait, ils agissaient en véritables maîtres et parlaient en souverains. Faute de pouvoir se passer de leur puissance, le parent, l'ami et protecteur romain avait confié aux Burgondes la clé des Gaules pour l’Italie et de l’Italie pour les Gaules. La monarchie burgonde prolongeait au loin ses frontières sans violence au prix des concessions accordées. Gondioc mourut vers 470.

- La mort de Gondioc permit à son frère cadet Chilpéric Ier (dit aussi Chilpéric l'Ancien) d’exercer seul le pouvoir. Il s'installa à Lyon. Profitant de la faiblesse de l'Empire, il poussa les frontières du royaume en direction de la Méditerranée, lui donnant sa consistance définitive, tout en échouant, en 476, devant le roi Wisigoth Euric à s'emparer des villes d'Arles et de Marseille. Comme Gondioc, il avait reçu le titre de « maître de la milice des Gaules » qui lui donnait une légitimité aux yeux des Gallo-Romains. Conscient de la faiblesse numérique des Burgondes il veilla, comme l'avait fait son frère aîné, et comme le fera son neveu successeur, à maintenir le fragile équilibre et une bonne harmonie entre ses sujets Burgondes et ses sujets gallo-romains, préparant la voie d'une future fusion entre les deux communautés. Chilpéric Ier mourut probablement vers 476.

Naissance de la "Burgondia"

- D’abord cantonnés en Sapaudia (région comprise entre le Jura et les Alpes) les Burgondes commencèrent par grignoter le territoire gaulois vers l’ouest. En 457, Gondioc et Chilpéric Ier saisirent une première occasion de pousser leurs frontières. Les Gaules s'agitaient entre partisans et adversaires de l'empereur Majorien que Ricimer venait d'asseoir sur le trône. Mais l’histoire de cette époque est toutefois si obscure qu’on ne peut suivre qu’imparfaitement les progrès territoriaux continus des Burgondes. Justin Favrod avance néanmoins comme une certitude la date de l’été 457 comme date à laquelle le Valais, la Tarentaise, les villes de Besançon, Chalon sur Saône, Langres, Autun, Grenoble ainsi que Lyon (Lugdunum), la vieille capitale des Gaules, se livrèrent pacifiquement aux Burgondes. « Les Burgondes occupèrent une partie de la Gaule et partagèrent les terres avec les sénateurs gaulois » écrit Marius d'Avenches, ou comme l'écrit Frédégaire : «[...], les Burgondes furent invités par les Romains ou les Gaulois qui habitaient la Lyonnaise à s'établir parmi eux avec femmes et enfants, pour leur permettre de ne plus payer le tribut à l'Empire ». Ægidius, le généralissime de Majorien en Gaule reprit aussitôt la capitale des Gaules mais il abandonna aux rois Burgondes leurs nouvelles terres. Lugdunum reviendra aux Burgondes vers 467 lorsque Chilpéric Ier s’en empara, comme il s’empara également à la même époque de la ville de Vienne. Il profita probablement des troubles qui secouèrent entre 469 et 475 un Empire d’Occident, alors à l'agonie, pour porter jusqu’à la Durance les limites de son royaume. Les villes de Viviers, Gap, Embrun, Die, Sisteron, Orange, Apt, Cavaillon, Avignon devinrent villes burgondes. L'empereur Népos reconnut leurs conquêtes.

- Dès ce moment le royaume burgonde eut, ou peu s’en faut, les limites qu’il conserva dès lors. Ce territoire ne comprenait pas moins de vingt-cinq diocèses ou anciennes cités romaines : Auxerre, Langres, Besançon, Chalon sur Saône, Autun, Lugdunum, Genève, Windisch, Octodurum(actuellement Martigny, en Suisse), Vienne, Valence, Carpentras, Orange, Avignon, Cavaillon, Vaison, Gap, Emrun, Sisteron, Grenoble, Aoste, Die, Viviers, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Apt.

- Mais les Burgondes gagnent ou perdent incessamment du terrain. Marseille et son port, Arles et la Provence gagnés vers 484, et perdus après la guerre contre les Francs, conquêtes éphémères, auront un moment fait partie de leur territoire. À son apogée, les contours du royaume burgonde touchaient, au nord, la ligne des Vosges et la Durance au midi ; d’orient en occident, ils s'étendaient de l’Aar à la Saône et à la Haute-Loire.

- Ce fut le territoire soumis à cette royauté qui prit, une première fois, le nom de Burgondia dans une correspondance de Cassiodore (homme politique et écrivain latin) et rédigée en 507 au nom de Théodoric le Grand.

La succession de Chilpéric Ier

- Grégoire de Tours, nous fait connaître que Gondebaud avait trois frères. Il écrit : « Gondioc avait été roi des Burgondes : il appartenait à la famille d'Athanaric, le roi persécuteur de qui nous avons parlé ci-dessus. Il avait eu quatre fils : Gondebaud, Godégisèle, Chilpéric II (ou selon certains auteurs : Chilpéric le Jeune), et Godomar ». L'historien des Francs nous renseigne de façon formelle sur la mort violente réservée à Chilpéric II : « Gondebaud égorgea Chilpéric son frère et noya la femme de celui-ci en lui attachant une pierre au cou ». J. Favrod précise : « [...] mais il mourut selon toute vraisemblance avant son oncle (Chilpéric Ier (l'Ancien)), et ne régna pas ». Grégoire de Tours ne dit rien concernant Godomar. J. Favrod, préfèrent simplement écrire que, vraisemblablement comme son frère, il mourut avant son oncle, et ne régna pas. Michèle Laforest, dans Clovis, un roi de légende, écrit que « Godomar disparut sans laisser de traces. Carence des archives ou crimes parfait on ne saura jamais ». Déjà en 1739, Dom Plancher, réfutait ce qu'il appelait « les inventions et fictions de quelques auteurs modernes » concernant les prétendues guerres civiles entre Gondebaud et Godomar et Chilpéric II et la bataille livrée devant Autun entre ces protagonistes.

- À la mort de Chilpéric Ier, Gondebaud et Godégisèle se partagèrent le royaume.