Non ! Il n’y a pas de faute, il ne s’agit pas là de
travaux mais bien de travails, parfois aussi appelés « ferre-bœufs ».
Origines
Le mot travail vient du
mot latin "tripalium" (ou trépalium, déformation de tripalium), désignant un
instrument d’immobilisation et de torture à trois pieux, deux verticaux et un
transversal, utilisé par les Romains pour entraver les esclaves et les
punir.
A l’époque de la traction
animale, les bœufs et les vaches (pour les plus démunis) étaient préférés aux
chevaux par les morvandiaux.
Leur utilisation était quasi quotidienne.
Les sabots des animaux de
trait étaient protégés par des fers qu’il était nécessaire de remplacer
régulièrement.
Cet instrument servait donc également à maintenir de
grands animaux domestiques dans différentes postures pendant qu'on les ferrait,
ou encore qu’on les « pausait » comme il se disait en morvandiau (bien que ce
terme ne se retrouve pas dans le glossaire d’Eugène de Chambure).
Cela permettait ainsi au forgeron (ou au
maréchal-ferrant) de travailler en toute sécurité.
Les travails
Les travails ordinaires
consistent en une sorte de cage rectangulaire formée de quatre poteaux
verticaux (généralement en bois mais aussi en granite) assemblés au sommet par
des traverses.
Un système de treuil, de rouleaux et de
sangles permettait d'immobiliser et de soulever l'animal à ferrer ou à soigner
et dont les cornes étaient attachées.
Le Sud-Morvan utilisait plus spécialement des travails
formés de montants en bois sur lesquels étaient accrochés des « brancards » que
l’on passait sous le ventre des animaux qui restaient attelés par paires.
Ce n’était plus là les cornes mais le joug qui était
attaché au montant central au moyen d’une cheville.
Il existait également des « travails » particuliers
comme les travails à bascule pour les chevaux ou encore, plus rarement, des
travails mobiles
Le ferrage
Le ferrage était
destiné à éviter l’usure précoce de la corne des sabots.
C’était généralement un travail du printemps.
Les bêtes étaient préparées pour les gros travaux à
venir et le forgeron avait employé ses temps d’hiver à préparer tout un stock
de fers (dont beaucoup d’ailleurs étaient vendus en quincaillerie…).
La petite histoire raconte que, ne voulant pas perdre
une journée de labour, les paysans amenaient tous leurs bœufs les jours de
pluie, ce qui avait pour conséquence de mettre le forgeron de fort méchante
humeur…
Pas étonnant lorsque l’on sait que dans les années
1950, un forgeron pouvait encore voir passer 70 ou 80 paires de bœufs à ferrer.
En revanche, connaissant le climat du Morvan, cela
devait pourtant bien s’étaler sur « plusieurs » journées…
Une autre petite histoire raconte que l’on préférait
ferrer les bœufs « à la vieille lune », la corne des sabots repoussant plus
vite ensuite avec la nouvelle lune…
L'animal était rentré à reculons, sanglé, légèrement
soulevé et incliné de façon à exécuter le ferrage.
On ferrait chaque ergot (les ongles) des bœufs ou des
vaches, soit deux ergots par patte.
En réalité, excepté pour les durs travaux de la
galvache, les bœufs étaient surtout ferrés sur les pattes avant. Le fait de
tirer de lourdes charges impliquait qu’ils concentrent leur force sur l’avant
alors que les vaches dans leurs travaux exerçaient une plus grande force sur
les pattes arrière.
Les fers étaient ajustés à chaud (refroidis), limés
pour fixer définitivement le ferrage qui était effectué suivant l'utilité de
l’animal.
La languette métallique était rabattue sur le sabot et
la semelle du fer était fixée à laide de clous à têtes carrées, comme pour les
chevaux.
Après essai, on parait éventuellement l'ergot pour
obtenir l'aplomb.
Croyez-le ou non mais il existait même des clous
spécifiques pour l'hiver afin que les animaux ne glissent pas… Les premiers
pneus à clous…
Quelques travails
en Sud-Morvan
La commune d’Anost
était réputée être la « capitale » de la galvache. Aussi, tous les hameaux et
villages avoisinant étaient nantis d’un travail à ferrer.
Ces travails à ferrer étaient généralement construits
et entretenus par les agriculteurs.
Quelques travails subsistent encore de nos jours
Au bourg d’Anost
Refait à neuf, il est le symbole de la galvache dans
sa capitale.
Il est encore utilisé lors de foires pour des
démonstrations de ferrage.
C’est également un excellent kiosque à musique lors
des fêtes de la vielle…
Au Creux
Le travail à ferrer du Creux a été restauré en 1938,
en 1961 puis en 2004 où il fut entièrement reconstruit
Au Mont
Il est dans son état d’origine…
Aux Girards
Il est situé dans une propriété privée et maintenant
protégé
A
Cussy en Morvan
Dans le bourg, il a vieilli…
A
Alligny en Morvan
Restauré il y a peu, il a aussi vieilli…
A
Gouloux
C’est probablement l'un des plus beaux Travail à
ferrer du Morvan, sinon le plus beau.
Il est situé à côté de la saboterie
Les montants sont en granit, le toit en ardoises.
Le bœuf et le Galvacher ont
été sculptés par le sabotier, M. Marchand, qui a également réalisé le sabot
géant situé de l'autre côté de la rue.
Le bœuf et le sabot ont la particularité d'avoir été
sculptés dans le même tronc de Séquoia (Guiness des records de 1989)
Gien-sur-Cure Ce travail était jadis situé en bord de route. Il a été déplacé et couvert d'un toit afin de le
protéger. Sa particularité est d'être composé de 3
piliers au lieu de 4 habituellement.
"Le Marcel", le forgeron, avait sa forge à l'autre
bout du terrain.
Il subsiste bien d’autres travails en Morvan,
notamment sur Mhère (La Croix Milan), Anost (Les Pignots) Gacogne (La Roche),
on en trouve même un, plutôt en hommage à cette activité, plus loin dans la
Nièvre, dans le centre de Magny-Cours.
Le plus étrange c’est que
l’on en trouve même sur un célèbre site de vente en ligne… Surprenant !
Localisation de travails à ferrer
Pour localiser
certains travails à ferrer sur une carte Google Map (rubrique « Sites à
voir » => « Travails à ferrer » localisés par un cercle blanc)
Le ferrage dans la peinture
A smith
shoeing an ox
Un maréchal ferrant un bœuf (a smith shoeing an ox) a
été peint en 1650 par Karel Dujardin, peintre hollandais (1626-1678) et est
exposé à la Dulwich Picture Gallery de Londre
Sources documentaires
- Documentation
aimablement fournie par Jacqueline Paineau
- Documentation personnelle
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