Les Eduens |
Le peuple de la
Gaule celtique
Les Eduens- Les Éduens (Haedui en
latin) étaient un peuple de la Gaule celtique.
- Les Éduens étaient établis dans les actuels départements français de la Nièvre et de la Saône-et-Loire ainsi qu'au sud de celui de la Côte-d'Or et à l'est de celui de l'Allier. Bibracte était leur capitale. Ils disposaient des riches terres de la partie occidentale de la Plaine de Saône. Leurs voisins et ennemis étaient les Séquanes au nord-est et les Arvernes au sud-ouest. Les Lingons étaient leurs alliés au nord. - Ils étaient régis par un chef électif, le vergobret. - Les Romains firent, dès le Ier siècle av. J.-C., alliance avec eux, et le Sénat romain les proclama frères de la république. Rome profita de la rivalité qui divisait les Éduens et les Arvernes pour intervenir dans les affaires de la Gaule et l'asservir plus facilement. - Alliés des Romains, ils avaient appelé ceux-ci à leur secours devant la menace des Helvètes. Fournisseurs de contingents militaires à César, ils se rallièrent tardivement (et non sans réticences) à Vercingétorix au cours de l'année 52 av. J.C. - La cité éduenne est intégrée dans la Gaule lyonnaise après la conquête romaine, avec pour nouvelle capitale Autun (Augustodunum). L'empereur Claude leur accorda le droit de cité complet en 48, dans un discours fameux transcrit sur la Table Claudienne. Etymologie- Aedui (ou Hedui,
Haedui) chez les Romains, Aidousioi dans les Chroniques de l’Athénien
Apollodore. Tous ces termes proviennent d'une même racine qui donna aussi bien
des termes grecs que des mots de langues celtiques :
- aithô (enflammer, brûler) en grec ancien - aed (le feu) en irlandais - aidd (le zèle) en gallois Ainsi, les Éduens seraient Les Ardents, Les hommes de feu. Le pleuple Eduen- Selon César, les
Éduens étaient le peuple le plus puissant des Gaules puisque qu'ils avaient de
nombreux clients ainsi que le principat de toute la Gaule. Ceci devait être
une fonction provisoire attribuée au chef d'une tribu par l'Assemblée des
Gaules. Malheureusement, il y a peu ou pas de sources à ce sujet. On sait
seulement d'après les Commentaires sur la Guerre des Gaules que César l'a
convoqué et que ce n'était pas la première fois que les chefs de tribus se
réunissaient. En revanche, on connaît une assemblée similaire en Irlande :
Lugnasad.
- Durant la période connue par les historiens (début de l'alliance avec Rome), leur puissance a été contestée. En effet, les Arvernes ont menacé leur puissance mais ont été battu en -121 par les armées romaines venues au secours des Éduens. Il faudra alors attendre -60 pour voir la puissance éduenne menacée par les Séquanes. Système politique : - Tout comme à Rome, il existait un sénat réunissant
les familles aristocratiques éduennes. Seul un membre de chaque famille
pouvait y siéger, évitant ainsi la domination d'une seule famille sur la
tribu. Au-dessus de cette assemblée, le vergobret, élu publiquement par un
conseil dirigée par les druides, exerçait ses fonctions pendant un an. Pendant
ses fonctions, il lui était interdit de sortir des frontières du territoire
éduen. Ainsi, il ne pouvait commander l'armée et donc instaurer une monarchie.
Chez les Éduens, il semble que le vergobret exerçait aussi un rôle judiciaire.
- Les druides occupaient également de hautes fonctions puisque Diviciacos fut l'ambassadeur du peuple éduen au sénat pour demander de l'aide contre l'alliance des Séquanes et des Germains d'Arioviste. Il dirigea même la cavalerie éduenne durant la guerre des Gaules. Éduens connus : - Quelques noms d'Éduens nous sont parvenus au travers
de l’œuvre de César ou d'objets retrouvés sur le site de Bibracte :
Dumnorix : chef éduen de haute naissance, frère de Diviciacos et gendre du roi des Helvètes. Il s'opposa à Jules César. Les seules informations connues sur Dumnorix proviennent de la Guerre des Gaules. À Bibracte on été retrouvés des monnaies à son effigie ainsi que quelques inscriptions à son nom. Diviciacos : nom qui a le sens de « divin », est le seul druide de l’Antiquité dont l’existence est historiquement avérée. Ce serait aussi, d’après Jules César, le nom d’un roi des Suessions, avant la guerre des Gaules. Suros : Jules César écrit qu'il « est illustre par son courage et par sa naissance ». Julius Sacrovir : chef de la dernière révolte gauloise. Le territoire Eduen en Gaule- Ce territoire
couvrait le sud du Nivernais et de la Bourgogne.
* au sud de ceux des Lingons et Mandubiens,
* au sud-est de celui des Aulerques,
* au sud-ouest de celui des Séquanes,
* au nord de celui des Arvernes et Segusiaves,
* à l'est de celui des Bituriges et,
* à l'ouest de celui des Ambarres.
- Leurs principales villes étaient Cabillonum (Chalon-sur Saône), Matisco (Mâcon), Nevirnum (Nevers) et Bibracte (Mont Beuvray). - Cette dernière, leur capitale, fut délaissée après la guerre des Gaules en faveur d'Augustodunum (Autun). - Ils contrôlent un territoire entre la Loire et la Saône, ce qui leur donne une position centrale pour le commerce alors que les principales voies de communication sont les fleuves. Cela permet un enrichissement élevé de l’élite éduenne, par la perception de droits de douane (portoria). Le contrôle de ses fleuves est source de grande rivalité avec leurs voisins, notamment pour la Saône (Arar) avec les Séquanes. Les peuples alliés et subordonnés : - On nomme ici par peuples alliés, ceux que César nommait « frères et de même sang » dans la Guerre des Gaules, ce qui implique une alliance étroite, sur un pied d'égalité. Il réside entre ces peuples une bonne entente et des liens cordiaux. Seul le peuple des Ambarres (dans l'Ain) possédait ce titre. - Puis, viennent ce que César appelle les clients qui sont des peuples subordonnés politiquement aux Éduens. On compte parmi eux les Mandubiens (d'Alésia) qui ont été rattachés un temps aux Lingons. La confédération éduenne : - Les Éduens relevaient d'une confédération constituée
des peuples gaulois suivants, unis par des alliances diverses :
* Ambarres
* Segusiaves
* Mandubiens (après leur détachement des Lingons)
* Aulerques Brannovices
* Bellovaques
* Bituriges Cubes (Berry)
* Sénons (région de Sens) et donc leur allié, les
Parisii
- On peut y ajouter aussi les Ambluarètes et les Blannovi. Cependant, le nom des Ambluarètes ne nous est connu que par César. On ne connaît donc pas leurs territoires exacts ni les véritables liens qu'ils entretiennent avec les Éduens. - De nombreux peuples rejoignent ou retournent sous l'allégeance des Éduens quand ils voient le sort qu'est réservé aux alliés des Romains au début de La Guerre des Gaules. L'alliance avec Rome- D'après des sources grecques, celle-ci est
antérieure à 138 av. J.C. Selon certains historiens, l'alliance aurait été
conclue au IIIe siècle ou au début du IIe siècle, époque à laquelle les
Romains ont forgé leurs légendes divines et donc leurs liens de sang avec
Troie, ainsi que leurs alliances avec des cités telles que Massalia. Il n'est
donc pas impossible que les Éduens aient été intégrés à ces légendes et donc
considérés comme frères de sang par le Sénat romain. En effet, les Arvernes se
sont aussi revendiqués de ce lien de parenté avec Rome bien que Rome ne l'ait
jamais accepté.
- Les historiens ont conjecturé certaines raisons de cette alliance avec Rome. L'hypothèse la plus probable consiste à penser que le territoire éduen (qui contrôlait la Loire, la Saône et l'Yonne) était propice aux rencontres avec des marchands italiens remontant ces fleuves. D'autres pensent qu'ils se sont rencontrés par le biais d'alliances avec des peuples de Narbonnaise et de Cisalpine. Selon César, l'alliance tenait à la grandeur de ce peuple qui détenait le principat de la Gaule entière. Réciproquement, les Éduens auraient agi dans le même sens, connaissant sans doute la puissance de Rome et le prestige qu'ils pouvaient en tirer pour rivaliser avec les autres peuples de Gaule. Fonctionnement de l'alliance : - C'est l'historien Florus (IIe siècle qui s'est
inspiré de l’œuvre de Tite-Live) qui nous renseigne sur l'aide militaire que
les Romains vont apporter aux éduens en 121 av. J.-C. en écrasant les
Allobroges et les Arvernes au confluent du Rhône et de l'Isère : La première nation transalpine qui sentit la force de nos
armes fut celle des Saliens, dont les incursions avaient forcé la ville de
Marseille, notre très fidèle amie et alliée, à se plaindre à nous. Nous
domptâmes ensuite les Allobroges et les Arvernes, contre lesquels les Eduens
nous adressèrent de semblables plaintes, et implorèrent notre aide et notre
secours. Nous eûmes pour témoins de nos victoires, et le Var, et l'Isère, et
la Sorgue, et le Rhône, le plus rapide des fleuves. Les Barbares éprouvèrent
la plus grande terreur à la vue des éléphants, dignes de se mesurer avec ces
nations farouches. Rien, dans le triomphe, ne fut aussi remarquable que le roi
Bituitus, couvert d'armes de diverses couleurs, et monté sur un char d'argent,
comme il avait combattu.
La révolte de Vercingétorix et la fin de la domination éduenne : - Les Eduens finissent par renier leur alliance avec
Rome au moment du soulèvement de Vercingétorix. Ils mettent alors leurs
efforts pour aider le roi des Arvernes, leur ancien ennemi, et vont même
jusqu’à le couronner roi à Bibracte leur capitale, Viridomaros, roi des
Eduens, le reconnaissant roi des Gaulois. Les Eduens restent pourtant fidèles
à César. Ce n’est qu’après le siège de Gergovie, gagné par Vercingétorix, que
Viridomaros souligne son souhait de se joindre à la révolte sans rien cacher à
César qui l’avait mis à la tête des Eduens. Finalement, en -52, Vercingétorix
ayant déposé les armes à Alésia, les Eduens voient Bibracte reléguée en petite
cité. Ils se voient aussi cantonnés à une nouvelle ville, Augustodunum,
l’actuelle Autun.
Implication des Éduens dans la Guerre des
Gaules :
Romanisation :
- Sous le règne de l'empereur Tibère, une révolte éclate chez les Trévire et les Éduens, probablement pour des motifs fiscaux (21 ap. J.C.), le principal instigateur est chez les Eduens Julius Sacrovir. La rébellion est rapidement matée. Peu après la défaite près d'Augustunum, Julius Sacrovir se suicide. - En 48, avec la censure de Claude et son discours en faveur de l'intégration au Sénat d'élites gauloises, les Eduens deviennent le premier peuple autorisé par le Sénat à pouvoir en devenir membre. Commerce- Dans son Histoire de
la Gaule, l'historien Camille Jullian écrit ces quelques lignes sur les
Éduens: « Bibracte, j'en suis sûr, fut le point de
départ et le plus sûr garant de leur puissance. Autour de Bibracte circulaient
de très bonnes routes, unissant les trois plus grands bassins de France.
» Ainsi, les produits romains remontant le Rhône (les voies fluviales
étaient les plus rapides à l'époque) et empruntaient ensuite la Saône, la
Loire ou l'Allier, passaient en territoire éduen avant de rejoindre les
bassins de la Loire et de la Seine.
- Les Éduens se situaient à un carrefour commercial important entre le monde celte et Rome, d'autant plus que le Beuvray domine à l'ouest la vallée de la Loire et à l'est la vallée de la Saône. Ils ont ainsi permis la diffusion des produits romains à travers la Gaule dès le IIe siècle av. J.C., permettant à leurs alliés de la confédération de profiter de leur commerce avec Rome et certainement avec les colonies grecques telles que Massilia. Ce commerce est attesté par les grandes quantités d'amphores et de céramiques venues d'Italie retrouvées dans des fosses à déchets et dans des dallages de maison. En outre, les Éduens avaient installé un système de douanes qui taxait les produits passant sur leur territoire pour accroître leur richesse comme semblent l'attester les textes de César : « C’était bien Dumnorix: l’homme était plein d’audace, sa libéralité l’avait mis en faveur auprès du peuple, et il voulait un bouleversement politique . Depuis de longues années il avait à vil prix la ferme des douanes et de tous les autres impôts des Eduens, parce que, lorsqu’il enchérissait, personne n’osait enchérir contre lui. ». D'ailleurs, Éduens et Séquanes se battaient pour le contrôle de l'Arar (actuelle Saône) puisque le contrôle du fleuve permettait de taxer l'ensemble des produits romains et celtes qui partaient vers le nord du continent par voie fluviale. |