Les promes


  

C’est aujourd’hui un objet de décoration plus que d’utilité.
Avant d'en voir cette image, qui en connaissait le nom ?

Définition du Prôme

Localement on trouvera des appellations telles que « preumes », « vanteils », « prondes », « pronles » ou encore « quiès ».

Dans son Glossaire du Morvan « Etude sur le langage de cette contrée comparé avec les principaux dialectes ou patois de la France, de la Belgique wallonne et de la Suisse romande » publié en 1878, Eugène de Chambure propose cette définition du prôme :

« PRÔME, substantif masculin, Petite porte ou barrière placée devant la porte d'entrée des maisons pour écarter les animaux sans ôter l'air et la lumière. Ce terme revêt des formes différentes suivant les lieux ; il se rattache peut-être au vieux français « proix » = pieu, bâton de palissade.
En Champagne « prone », grille en bois, balustrade.
Le bas latin « prona » = promis semble quelquefois désigner une petite grille ou balustrade. »

Il s’agit donc bien d’une petite porte placée devant la porte principale et non d’une porte dite « fermière », dont les deux éléments battant sont séparables à mi-hauteur.

Dans les églises, les portillons séparant le cœur de la nef (et par-là même le prêtre des fidèles…) se nomment des prônes. Etymologiquement, il s’agit dont bien du même élément.

Utilité

C’est bien là toute la question ! Le prôme a-t-il réellement une utilité ?

On trouve peu, pour ne pas dire pas du tout, de prômes dans les bourgs. Leur ouverture vers l’extérieur étant sans doute peu propice dans l’espace relatif offert par les rues.
Cet « objet » serait donc dédié aux campagnes. Pourquoi ?

Une explication courante et sans doute trop facile veut que les prômes « empêchent les poules d’entrer dans la maison et les enfants d’en sortir ».

Les enfants ont vite trouvé (et depuis des lustres) comment l’ouvrir et jouer avec, certes non sans quelques accidents, les poules ont des ailes, les canards font quelques efforts, les chats s’en amusent et seuls les chiens marquent l’arrêt.
L’explication tombe à l’eau !

Les hommes aussi y marquent l’arrêt, car pour reprendre l’expression citée par « Vents du Morvan », il faut : « Tirer l’prôme ! Pousser l’prôme ! Tirer lai porte ! Pousser lai porte ! ».

C’est un lieu d’échange où l’on est tout à la fois dedans et dehors, d’un côté on ne rentre pas pour bavarder, de l’autre on ne sort pas non plus.
Aujourd’hui on rentre directement discuter autour d’un verre.
Dans les églises, lors de la communion, le « prône » était fermé, le prêtre se trouvait à l’intérieur et les communiants à l’extérieur.
Aujourd’hui l’espace est ouvert.

Ne dit-on pas également du curé qu’il « prônait » la bonne parole, l’éthymologie étant là encore identique.

Le prôme battrait-il en brèche le judicieux adage affirmant « qu’une porte doit être ouverte ou fermée » ? Pas vraiment, elle peut être ouverte ou fermée, le prôme n’en a que faire. C’est juste un handicap pour ceux qui, voulant sortir précipitamment, ouvrent la porte, et oublient qu’il y a derrière… un prôme fermé !

En résumé, un prôme c’est rustique, rural, décoratif voire même bucolique pour certains mais… au mieux ça ne sert pas à grand chose, au pire, ça ne sert à rien (mais ça ne le dites pas à ceux qui en ont un… et s’en servent…), pour preuve on les supprime même dans les églises !

Les différents prômes

Un point commun à tous les prômes, ils se situaient en haut de quelques marches.

Les pleins :
- En bois, ce sont de simples portes basses faites de planches avec le traditionnel « Z » pour l’empêcher de s’affaisser, de longues ferrures et une esthétique qui les a éventuellement habillées de découpes en pointe ou en arrondi.


Prome en bois plein


Ancien prome en bois plein


- En fer, ce sont des plaques de tôle sur un cadre avec parfois une moulure métallique en guise de parure.

Les barrières :
- En bois, il n’en existe pratiquement plus.
- En fer, il n’en existe plus beaucoup non plus. Leur esthétique se rapprochait souvent d’un simple baraudage peu attrayant.

Les mixtes :
En bois comme en fer, la partie inférieure (2/3 – 3/4) était généralement pleine, parfois agrémentée d’une rosace ou autre représentation.
La partie supérieure (1/3 – 1/4) des prômes en bois était faite d’un baraudage, celle des prômes en fer pouvait prendre toutes les formes suivant l’inspiration des occupants ou du forgeron.


Prome mixte en bois


prome mixte en fer

De l'humour dans les prômes

Ces dessins de J. Perrin ont été publiés dans les Almanach du Morvan des années 1983 et 1984

 
Image Almanach du Morvan 1983

 
Image Almanach du Morvan 1984