Les bardeaux

Des tuiles de bois…

Ces tuiles de bois portent le nom générique de « bardeaux ».

Origines

Les couvertures en planches ou planchettes de bois rudimentaires remonteraient au néolithique.

Les restes d’une pièce en partie carbonisée auraient été datés de 850 avant JC.
Des bardeaux auraient été découverts en Suisse Romande et datés de l’an 70.
D’autres auraient été parfaitement identifiés dans le Jura Suisse et remonteraient au XIIIème siècle.

Ce matériau a progressivement remplacé la couverture de chaume encore très répandue à cette époque avant d’être lui-même remplacé par la tuile, l’ardoise ou la terre cuite.

Dénominations

Elles sont régionales, voire locales.
Ainsi on parlera de Bardeau (Jura, Franche-Comté…), de Tavaillon (Savoie, Haute Savoie…), de Tavillon (Jura Suisse), d’Ancelles (Généralement plus longues, pouvant aller jusqu’à 80 centimètres contre généralement 50 aux autres bardeaux), d’Essendoles, d’Anseilles, d’Aisses, d’Ecailles, ou encore de Clavins.
Je connais même des morvandiaux qui parlent d'" Essiaules "... Mais on ne trouve pas le mot dans le "De Chambure" et tous ne semblent pas d'accord... 

Un point tout de même pour les appellations « Tavaillons » et « Tavillons » dont les artisans se nomment respectivement Tavaillonneurs en France et Tavillonneurs en Suisse.

Quel que soit le nom qu’elles portent, il s’agit globalement du même type de couverture (ou de parement car ils peuvent être appliqués en façade) à quelques petites différentes d’une région à l’autre relevant de la fabrication, de l’esthétique ou encore de la pose.

Choix des arbres

Tout commence dans le choix du bois, des arbres sur pied, longiformes et sans nœud.

L’abattage a lieu pendant la période froide, l’arbre sans sève, à la lune descendante et la préparation se fait immédiatement sur le bois vert.

La grume est débitée en tronçons de la longueur souhaitée (400 ou 500 mm), qui seront écorcés puis débarrassés de leur aubier et de leur cœur, taillés à la bonne largeur pour enfin être fendus dans le sens du fil.

Caractéristiques

Les dimensions sont habituellement de 15 à 20 mm pour l’épaisseur, de 100 à 300 mm pour la largeur et de 400 à 500 mm pour la longueur.

Les essences choisies sont variées et directement liées à la région d’utilisation et à la durée de vie du matériau : Épicéa (25 ans), Sapin (25 ans), Pin (40 ans), Mélèze (80 ans), Chêne (100 ans), Châtaignier (100 ans).
On utilise également du hêtre, du cèdre rouge, du cèdre d’Alaska, de l’érable, du douglas ou du frêne…

Les essences telles chêne, châtaignier, mélèze, douglas ou cèdre sont naturellement protégées contre les xylophages (sauf sur l’aubier), les autres nécessitent un traitement avant utilisation.

Le châtaignier en plus d’être particulièrement dur (utilisé en tonnellerie) est aussi réputé pour repousser les insectes, résister à leurs piqûres tout comme à la pourriture.
Pour preuve la charpente du grenier à grain de l’abbaye de Cluny qui, après 400 ans, est toujours intacte et n’abrite toujours aucune toile d’araignée.

La teinte grise (le grisage) observé avec le vieillissement du bois est souvent considérée comme une dégradation du matériau. Il s'agit en fait d'une transformation naturelle par laquelle les sels minéraux qui remontent à la surface du bois façonnent une couche protectrice et lui donne cette couleur.

Pose

Leur pose peut être réalisée clouée, avec ou sans perçage, posée et lestée avec de grosses pierres ou encore maintenue en place par des rondins.
Certaines régions utilisent des tavaillons plus épais et assurent la fixation par un chevillage bois.

La pose verticale (en parement) nécessite environ 100 tavaillons au m², celle en couverture demande jusqu’à 250 pièces au m².

La partie exposée des bardeaux ne doit jamais être supérieure à la moitié de leur longueur. Cette partie visible s’appelle le Pureau.

Les tavaillons sciés sont moins résistants que les tavaillons fendus, la fibre du bois étant interrompue, l'eau pénètre plus facilement.

Ce type de couverture offre de nombreux avantages : bonne isolation (10 fois supérieure à la tuile…), résistance aux chocs, légèreté sur la charpente, longévité, utilisation et valorisation des essences locales, etc.

Les tavaillonneurs utilisent habituellement des haches et des scies pour couper les arbres (…et des tronçonneuses…), des départoirs et des maillets pour fendre le bois, des vilebrequins et des grives pour poser les chevilles bois, un banc d’âne et une panne pour calibrer le tavaillon ainsi qu’un tourniquet pour la pose.

Progrès

Et comme « on n’arrête pas le progrès », voici deux exemples de ce qui se fait aujourd’hui :

- des bardeaux en panneaux préfabriqués comprenant quelques rangs préalablement fixés sur des liteaux (2,50 m x 0,24 par rang), plus facile à mettre en œuvre pour les amateurs.

- des tavaillons à structure mixte alliant le bois et le cuivre (invention brevetée et primée à Genève en 2008)

A noter que dans le premier exemple on parle de « bardeaux » et dans le second de « tavaillons », y aurait-il un terme approprié au niveau de qualité ?

Quelques exemples de couvertures en bardeaux (et en Morvan)



Clocher de l’église St Saturnin de Saulieu



Façade de maison à Anost



Tour de Marchaux à Autun



Clocher de l’église de St Martin de la Mer