Maréchal de Vauban

Sébastien Le Prestre, Marquis de Vauban

  
« Le premier de tous les biens est la santé, le deuxième le pain cuit, le troisième la liberté,
le quatrième de bons amis, le cinquième femme à son gré, tous les autres sont chimériques… »

Sa naissance

Sébastien Le Prestre de Vauban (Appelé aussi Leprestre, Lepretre ou Le pretre) est né le 1er mai 1633 dans une famille morvandelle de longue date.

Il semble toutefois que ce soit la date de son baptême, le 15 mai 1633, qui ait été retenue (parfois) comme date de naissance... Parfois, car une source comme « « Généanet » l’affirme né le 4 mai 1635.

C’est l’unique fils de Urbain (Albin ? Urban ?) Le Prestre, « Ecuyer », lui-même fils de Jacques Le Prestre, Seigneur de Champignolles et de Saint Léger (1602-1652), et de Edmée Cormignolle (Corminolt ? décédée en 1651), fille de Jehan, « Escuyer », « issue d’une famille de marchands et de paysans enrichis ».
Jehan de Carmignole, mort au château de Ruère en 1637, était proche de la famille Briquemault, seigneur de Ruère mais aussi général d’infanterie de l’armée en Piémont et Gouverneur d’Asti proche d’une ville dénommée « Carmagnola ». Cette famille de « paysans enrichis » pourrait probablement venir d’Italie et ne rien avoir de « paysan »

Son baptême a été célébré par l’abbé Orillard, curé de Saint Léger et l’acte précise qu’il est né à Saint-Léger de Foucheret (attention à ne pas confondre avec Saint Léger de Fougeret). Son parrain était Messire Sébastien Clairin, curé de Cordois et sa marraine, Judith d’Ham, veuve de Messire Georges Bierry (Paul Delsalle ; « Histoires de familles : les registres paroissiaux et l'état civil, du Moyen âge à nos jours ») et (A. Jal : Dictionnaire critique de biographie et d’histoire).

Au registre de St Léger, le document mentionne :
« Le quinziesme may mil six cens trente trois a esté baptisé Sebastien fils de Albin Le prestre escuier de damoiselle Corminolt son parrin M Sebastien Clavin prêtre curé de Courdois sa marreine judich d Ehain veuve de Mr George Bierry Signé Clavin Bierry Orillart »


Si vous pouvez déchiffrer l’extrait d’acte de baptême ?
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)


Enfin, il y a cette publication de Claude-Nicolas Chatillon, dit Amanton (1776-1826), musicien, compositeur, poète et dramaturge français dans le journal de Dijon de 1829, qui semble catégorique…
Vauban est né le 15 Mai 1933, son père se prénommait Albin et non Urbain, quant-à sa mère, il s’agissait d’Edmée Corminolt et non d’Aimée de Carmagnol…
Mais ne s’agirait-il pas d’erreur de transcription de notre cher curé ?


(Cliquez pour affichez le PDF)

Vauban est-il né le 15 Mai ou a-t-il été baptisé 15 jours après
(ce qui devait être rare)
A vous de vous faire une idée…

La commune de Saint-Léger de Foucheret se situe dans l’Yonne, en limite de la Nièvre et de la Côte d’or, sur l’actuel territoire du Parc du Morvan.
Elle est devenue par la suite « Saint-Léger Vauban » par ordre de Napoléon Ier en 1867... Parait-il… Car en 1867 Napoléon Ier n’était plus là, alors qui ? A vous de voir.

Napoléon Ier : né le 15 août 1769 à Ajaccio et mort le 5 mai 1821 sur l'île de Sainte-Hélène.
Napoléon II : né le 20 mars 1811 aux Tuileries et mort le 22 juillet 1832 à Schönbrunn.
Napoléon III : né le 20 avril 1808 à Paris et mort le 9 janvier 1873 à Chislehurst.

A ce propos, l’Yonne qui s’est souvent montrée mauvaise joueuse comme nous le verrons aussi dans le paragraphe concernant la statue de Vauban à Avallon, n’avait déjà pas manqué de vouloir tirer les couvertures à elle.

En effet, elle a tenté de revendiquer la paternité de l’illustre Maréchal au prétexte que la commune de Saint-Léger était affectée au département de l’Yonne… mais depuis 1790 seulement !

Son enfance

En réalité, nous savons peu de chose de son enfance, pas même son lieu de naissance.

Il pourrait être né au manoir de Ruères où ses parents résidaient (Jacques Laloux : Une ancienne maison forte en Morvan, le Castel de Ruère et ses seigneurs à Saint-Léger Vauban), mais l’abbé Tripier né à Saint-Léger et alors curé de Girolles dit de la maison natale du Maréchal : « Elle était couverte en chaume et consistait en deux chambres assez mal éclairées ».

Quant-à lui, l’historien Claude Courtépée (1721-1781) précise qu’en 1778, elle était habitée par un sabotier et rapporte :
« Je fus si transporté d'admiration, en la voyant, que j'eusse voulu, pour la distinguer des autres, graver sur la porte ce petit vers : Has magnus parvas coluit Vaubantius œdes; Cette humble maison de l'Illustre Vauban fut l'habitation ».


Le château de Ruere
(Image www-Cheny.net)

    
2 vues de la maison natale de Vauban à Saint-Léger-de-Foucheret
(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Par la suite, cette maison fut transformé en cabaret, puis en remise de foin.

De cette maison, seule demeure une vieille grange attenante, sur laquelle, une plaque, souvenir de son « hypothétique » naissance a été apposée par « les Amis de Vauban ».


La plaque souvenir
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Sa jeunesse

Ses études commencent auprès du curé de Saint-Léger et se poursuivent au collège de Semur-en-Auxois (1643-1650 ?) où il reçoit un solide bagage en mathématiques, géométrie et en dessin mais où il aurait aussi fortement exploré le latin, la grammaire et les auteurs antiques.

Passionné par tout ce qui l’entoure, il lit tout… même les livres qui ne seraient pas trop autorisés par la censure de la monarchie.

En ce temps, le manoir de Vésigneux (au nord Saint Martin du Puy) était fréquenté par la noblesse des environs.


Manoir de Vésigneux
(Photo wikipédia)

Le comte Jean Louis de Bourbon Busset aimait y donner de brillantes fêtes auxquelles assistait notamment le grand Condé en personne.
Et en 1649, c’est à Condé qu’Albain Le Prestre était venu présenter son fils Sébastien…

L’Abbé JF Baudiau nous confiera que :
« C’est avec cette perspicacité et ce jugement solide qui caractérisent les grands hommes qu’il s’écria devant toute l’assemblée : Je me trompe beaucoup ou le petit bonhomme ira loin un jour… Et il l admit dans son régiment »

Il n’a que 17 ans lors de la guerre de trente ans mais s’engage néanmoins dans l’armé de Condé alors gouverneur de la Bourgogne. Seulement, c’est la fronde, et Condé est dans le camp des frondeurs… au service de l’Espagne contre le roi de France…

S’il est remarqué par son courage, il n’en sera pas moins fait prisonnier par les armées du Roi de France au cours d'une mission en Champagne en 1653.

Sa carrière

Sa carrière commence alors qu’il est prisonnier.
C’est le Cardinal de Mazarin qui le convaincra d'entrer au service du roi et le nommera en 1653, Lieutenant au régiment d’infanterie de Bourgogne où se trouvent déjà d'anciens « ennemis » frondeurs.

Ses compétences en dessin et sa science des fortifications déjà révélée lui valent un poste auprès de Louis Nicolas de Clerville (le Chevalier de Clerville – 1610-1677, ingénieur et expert français en fortifications)

- Le 3 Mai 1655, il sera breveté ingénieur du roi et sera promu au grade de capitaine.
- Lors du siège de Douai en Juillet 1667, il est blessé par un coup de mousquet dont les grains de poudre se sont incrustés dans sa joue gauche. De toutes les blessures qu’il recevra, c’est cette marque qui est devenue la sienne, sur tous ses portraits (et pourtant certains montrent sa marque sur la joue droite…).
- Le 3 Juin 1668, il est nommé Gouverneur de la citadelle de Lille.
- Le 30 Aout 1674, il est élevé au rang de brigadier d'infanterie.
- Le 3 Aout 1676, il est maréchal de camp.
- Le 4 Janvier 1678 , il devient Commissaire Général des fortifications de France.
- Le 24 Aout 1688, il est nommé Lieutenant Général, commandant d'Ypres, de Dunkerque et de Bergues.
- Le 8 mai 1693, il est Grand-Croix de l'ordre royal militaire de Saint-Louis.
- En 1699, il devient Membre honoraire de l’Académie Royale des Sciences.
- Le 14 Janvier 1703, il est Maréchal de France.
- Le 28 Juillet 1703, il est Commandant de l'armée d'Allemagne avec le Maréchal Talland sous les ordres du Duc de Bourgogne.

Son mariage, sa descendance

Son mariage a lieu le 20 (ou le 25 ?) mars 1660 avec une lointaine cousine, Jeanne d'Aulnay (Osnay), baronne d'Epiry (décédée le 18 juin 1705).
C'est elle qui apportera en dot « une demeure paysanne à Saint-Léger-de-Foucheret »… La maison de Vauban ?

Ils auront 3 enfants :

- Charlotte Le Prestre de Vauban (née en juin 1661 alors que Vauban est à Nancy et décédée en 1709).
Elle épousera le 26 mars 1680, à Epiry, Jacques-Louis de Mesgrigny, ingénieur, lieutenant général et gouverneur de la citadelle de Tournai.

- Jeanne-Françoise Le Prestre de Vauban (née le 28 Octobre 1678 et décédée le 14 Novembre 1713). Elle épousera le 8 janvier 1691 en l’église Saint-Roch de Paris, Louis Bernin, marquis de Valentinay, seigneur d'Ussé.

- Un fils mort à l’âge de 2 mois en 1682 et dont on ignore s’il avait été baptisé et s’il avait reçu un prénom.

- Mais aussi, le nomade qu’il était eu, paraît-il, quelques enfants naturels (2 heures de colle pour ceux qui parlent des « fornications » de Vauban…), qu’il coucha même sur son testament comme le rappelle Michèle Virol dans son :« Vauban de la gloire du roi au service de l'Etat » dont extrait ci-dessous :


Extrait de « Vauban de la gloire du roi au service de l'Etat »

L’ordre du Saint Esprit

Cet ordre de chevalerie français a été fondé le 31 décembre 1578 par Henri III.

Ce fut pendant deux siècles et demi le plus prestigieux de la monarchie française.

Sébastien Le Prestre de Vauban y a été promu Chevalier le 2 Février 1705 et fut alors amené à fournir les preuves de sa noblesse exigées par l'ordre.

Il semblerait que le Maréchal se soit, en cette occasion, prévalu essentiellement de sa lignée paternelle.

Il n’en demeure pas moins que les origines lointaines de Vauban sont effectivement assez obscures et que les pillages et incendies dus aux guerres de Religion lui ont permis de se soustraire aux enquêtes de noblesse ordonnées par Colbert faute de documents anciens.

Le grand-père de Sébastien Le Prestre de Vauban, Jacques, fils d’Emery Le Prestre et de Françoise Vesle serait né en 1535 en Nivernais et aurait été Seigneur de Champignolles et de Vauban et Bailli de Bazoches en 1625.
Il aurait également été homme de confiance de l’Amiral de Coligny… Mais nous ne savons pas comment il y est parvenu ni si cela est exact.

D’Hozier (La famille d'Hozier forma une lignée de généalogistes et d'héraldistes dont, paradoxalement, l’origine même est controversée) qui en 1705, aurait examiné les preuves de noblesse de Vauban, aurait dit :
« Quelle qualité que celle d’un bailli de village pour le père d’un chevalier du Saint-Esprit ? Et quelles alliances pour des tantes du maréchal que Millereau et Lambert ? »
Saint Simon disait également de lui :
« qu’il n’était à peine un gentilhomme de Bourgogne… »

Pourtant nous aurions voulu tant d’autres hommes comme lui.


Généalogie de l’ascendance et de la descendance du Maréchal de Vauban
telle que présentée au château de Bazoches
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Les armoiries de la famille Le Prestre de Vauban


A ses armes « D’azur au chevron d’or,
accompagné de trois trèfles et d’un croissant d’argent en chef »


Vauban a ajouté en 1693 la croix et la devise de l’ordre du Saint Esprit
"Bellicae Virtutis praemium"
Les faits d'armes sont la récompense du courage
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Vauban, un homme de terrain

Dans un manuel pédagogique, Nicolas Faucherre s’est risqué à reconstituer 10 ans de voyages de Vauban sur le territoire français… (voir carte ci-dessous).

Il y estime ses voyages au nom du Roi à quelques 4 000 kilomètres annuels, à cheval ou en chaise à porteur (portée par des mules), pour conduire des sièges, construire ou réparer les fortifications, repérer et remédier aux failles du système.

Sachant qu’un âne se déplace à une vitesse de 4 à 6 km par heure au pas (13 à 25 km par heure au galop ce qui ne devait pas être souvent le cas pour travailler…) soit la vitesse de l’homme accompagnant, l’équipage ne devait pas parcourir beaucoup plus d’une trentaine de kilomètres par jour…
3 à 4 mois par an sur les routes de France…


Reconstitution des voyages de Vauban
(Extrait du Manuel pédagogique Dirigé par Nicolas Faucherre)
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De ce fait, Vauban serait l’homme qui connaîtrait le mieux le royaume, qui en percevrait le mieux les besoins mais qui serait aussi le plus apte à appréhender les attentes du peuple.

La chaise à porteur ou « Basterne de Vauban »

Grand voyageur, le Maréchal de Vauban a bien dû tester tous les moyens de transports possibles avant de se rabattre sur sa fameuse « basterne ».

Une basterne est une cabine fermée, équipée de porte(s) latérale(s), vitrée sur les côtés, pourvue de sièges en vis-à-vis et munis de brancards pour être attelée à des mulets, contrairement à une litière, sorte de lit couvert, qui permettait de voyager allongé.

La basterne de Vauban avait un aménagement particulier qui permettait au Maréchal de travailler pendant ses trajets.
Elle disposait de 2 places assises, permettant l’accès à l’un de ses assistants ou secrétaires, d’une table de travail rabattable pour faciliter l’accès, possédait des rangements et deux étagères et une malle sur les brancards.
Le pauvre ! Combien de bouteilles d’encre a-t-il dû y renverser ? Combien de ratures, combien de traits biaisés ?

Bien sûr, la basterne originale de Vauban n'existe plus.
Toutefois, le château de Bazoches expose en son entrée une copie, parait-il très fidèle, réalisée par « Manu Déco » (Maitre ébéniste installé dans la Nièvre à Saint-Révérien) sur des plans de Thierry Leproust (Nivernais, formé à l’Ecole Boulle en architecture intérieure).


La basterne exposée au château de Bazoches
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)


C’est cette copie de la basterne qui a servi pour le documentaire « Vauban, le vagabond du roi ».
Ce documentaire de 52 minutes de Daniel Hénard et Jacques Tréfouël a été réalisé par Jacques Trèfouël et produit par « les films du lieu-dit » (Diffusé le samedi 31 mars 2007 par France 3).

Ses réalisations militaires

Pendant un peu plus de 50 ans au service du roi, Sébastien Le Prestre de Vauban a conçu, construit et suivi 33 places neuves, conduit 53 sièges pour le Roi de France, suivi et perfectionné un grand nombre d’autres places…

C’est plus de 150 places fortes qu’il aura eu à gérer mais c’est aussi de nombreux et vastes ouvrages civils dont il aura eu la charge…

La liste est telle que pour connaître le détail des réalisations, je préfère vous renvoyer vers :

- Planète TP : http://www.planete-tp.com/fortifications-construites-par-vauban-r385.html

- Liste des villes fortifiées par Vauban : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_villes_fortifi%C3%A9es_par_Vauban

C’est beaucoup plus complet que ce que j’aurais pu faire mais ce n’est encore qu’une partie de ce que lui a fait.

Ses réalisations civiles

Si le Maréchal est moins connu pour ses réalisations civiles, elles sont néanmoins considérables.
Pour mémoire citons brièvement :
- Le lac et le barrage de St Ferréol (Haute Garonne) dont le volume de la retenue se révélait insuffisant.
Vauban décida de creuser un tunnel de 122m de long sur 3m de large sous la montagne noire, la « Percée des Cammazes », et de surélever le barrage pour créer une réserve d'eau sur 67 ha permettant de faire passer le volume retenu de 4,5 millions de m3 à 6,5 millions de m3 (soit de 1 800 à 2 600 piscines olympiques…)


Schéma du barrage de St-Ferréol après surélévation
(Image RMC Découverte)

- Le canal du midi : Lors de l’une de ses visites, Vauban fut contrarié par les ruisseaux qui croisaient le canal et en précipitait son ensablement.
Il fut convaincu de la nécessité d’isoler le canal de ces multiples sources d’engorgement par alluvions et mit au point un système de drainage de manière à éviter que les eaux pluviales ne s’y déversent de manière incontrôlée.

Cette dernière technique d’évitement des croisements d’eaux, il la mettra en œuvre sur une soixantaine de ponts-canaux destinés à faire passer ces rivières sous le canal évitant ainsi les apports de limon et de sable.
Un peu partout, il gère le trop plein d’eau des canaux par des ouvrages comprenant des épanchoirs , des vannes de fond et même des chemins de halage maçonnés au-dessus des ouvrages.

    
Des ponts canaux avec chemins de hallage


Et un bon vieux chemin de hallage
(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Voir également :
Les canaux de Vauban :
- https://fr.geneawiki.com/index.php/Les_canaux_dit_%22Canal_Vauban%22
- https://www.canaldumidi.com/Personnages/Vauban.php
- « RMC découverte – Le canal du midi, un patrimoine révélé » : https://www.youtube.com/watch?v=IwqqdBd3SVo

Des réalisations inachevées

Le château du Taureau :
Il est situé dans le Finistère à l'entrée de la baie de Morlaix.

Il existait déjà un premier fort construit entre 1540 et 1552 que Vauban décida de reconstruire.
Dans un rapport du 6 avril 1689 il décrit le fort primitif et avance le projet général qui sera suivi après sa mort par ses collaborateurs Garangeau (décédé en 1741) puis par Frézier jusqu’à son achèvement en 1745.


Plan du fort du Taureau,
fait à Saint-Malo le 30 novembre 1699 par Garangeau
(Service Historique de l´Armée de Terre, Château de Vincennes)

Voir les détails de cet ouvrage à cette adresse :
- http://fortificationslittorales.labretagnenord.pagesperso-orange.fr/index_les_ingenieurs_architectes_2.html

L’aqueduc de Maintenon :
Cet ouvrage fait partie du canal de l’Eure destiné à alimenter Versailles en eau.

En 1684, après que les études aient été achevées, le projet, validé par Louvois, devait fournir quelques 50 à 100 000 m³d’eau par jour Louvois fait alors appel à Vauban qui ne semble pas très enthousiasmé par le projet.
Il finira par être convoqué par le ministre qui lui confiera officiellement le chantier.

Vauban se met aussitôt au travail mais ne manque pas de proposer une modification au projet, principalement pour une raison de coûts, en suggérant l’installation d’ une canalisation enterrée.

De nombreux désaccords surgiront : Le Roi « veut » un aqueduc, que Vauban trouve trop massif et irrégulier, qui manque de largeur pour l’écoulement de l’eau… Que Vauban souhaite redessiner.

En 1686, les travaux démarrent, mais Vauban veut redéfinir les salaires des brouetteurs et des chargeurs.
Souhaitant leur confort, alors qu’il souhaite les augmenter, il se fourvoie dans les modes de rétribution et finalement il diminue leurs salaires (Vauban, La normalisation du travail avant Taylor ? par Jean-Louis Peaucelle) …

Puis ce fut La guerre de la Ligue d’Augsbourg et le chantier resta inachevé…


L’aqueduc Maintenon
(Inscrit aux Monuments historiques en 1934)
Gravure tirée de l’ouvrage de Jean-Louis Peaucelle
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Ses écrits

Si le Maréchal de Vauban vous fait immédiatement penser « architecture militaire » ou « fortifications » alors il vous reste à découvrir ses écrits.

En observateur critique des us et coutumes de l’État, il utilisait les quelques répits que sa vie vagabonde lui permettait pour rédiger des mémoires sur une multitude de sujets destinés à éclairer le roi et ses ministres et à leur suggérer des réformes.
Hélas, l’homme avait quelques longueurs d’avance sur son temps et cette avance n’était pas en osmose avec les modes de fonctionnement de la noblesse.

Le pré carré :
Cette formule singulière serait issue du monde paysan et ferait référence aux propriétaires qui réunissaient leurs parcelles en un seul domaine distinct de leurs voisins… Monde paysan, propriétaires, domaine… Admettons !

Dans un courrier adressé à Louvois en 1673, Vauban affirme que le Roi doit faire de son royaume un « pré carré » qui structurerait un territoire resserré dans une ligne de frontière claire dans laquelle aucune enclave étrangère ne serait autorisée et qu’il conviendrait également de renoncer à entretenir celles situées au-delà des dites frontières.

Une liste de toutes les places fortes françaises réputées « indéfendables ou inutiles » fut établie par Vauban en 1687 avec recommandation de les détruire…
Ce qui fut fait en grande partie.

Les oisivetés :
Oisiveté serait synonyme de désœuvrement ou d’inactivité… Monsieur de Vauban ne manquait donc pas d’humour non plus…
Et tout cela « à la plume… »

Voici quelques adresses où vous pourrez les lire :
- Les Abrégés des services du Maréchal de Vauban et autres pièces relatives à sa carrière
(disponible ici) :

- Les Abrégés des services du Maréchal de Vauban publié par M. Augoyat.
(disponible ici) :  

- Les oisivetés du Monsieur de Vauban : Ouvrage réalisé par Michèle Virole et son équipe à partir les mémoires des « Oisivetés » détenues aux archives privées du château de Rosanbo.
(Partiellement disponible ici) :   

- Tome 1 et partie des tomes 2 et 3
(Disponible ici) :  

- Tome 2 : Regroupant, « L’idée d’une excellente noblesse », « Les ennemis de la France », « Projet d’ordre contre l’effet des bombes », « Projet de capitation », « Mémoire qui prouve la nécessité de mieux fortifier les côtes du Goulet », « Mémoires concernant la Course », « Mémoire sur les sièges que l’ennemi peut entreprendre », « Dissertation sur les projets de campagne du Piémont », « Description géographique de l’élection de Vézelay » et « Fragments d’un mémoire au roi ».
(Disponible ici) :  

- Tome 4, augmenté de mémoires inédits
(Disponible ici) :   


Et puis dans ces oisivetés il y a l’incontournable calcul estimatif de la cochonnerie…


Cliquez sur l’image pour accéder
au texte de « La cochonnerie »
sur ce site

Le projet de dime royale :
En 1695, Vauban rédige un « Projet de Capitation », un impôt exceptionnel et limité au temps de la guerre mais cumulé aux impôts existant.

Ce nouvel impôt devait être conditionné aux conditions de ressources et devait être calculé seulement « sur toutes les natures de bien qui peuvent produire du revenu ».

Le projet fut mis en place mais au fil du temps des exceptions se multiplièrent au point que les plus humbles payaient pour les plus fortunés. (Toujours d’actualité dites-vous ?).

La Dîme Royale part du même principe, les peuples ont besoin de la protection de l’État pour subsister, à charge pour le peuple de lui en fournir les moyens.
Vauban en énonce donc trois obligations qui résultent de ce raisonnement :

- 1) Tous les sujets de tous ordres et de toutes conditions doivent contribuer à proportion de leur revenu,
- 2) Tous les sujets sont concernés par ce droit (et cette obligation),
- 3) Tous les privilèges qui tendraient à se faire exempter de cette contribution seraient injustes et abusifs.

Vauban venait d’inventer l’impôt sur le revenu… et de se faire pas mal d’ ennemis surtout dans la finance et la noblesse.

En 1698, le projet de dime royale est prêt.
Pourtant ce n’est qu’en 1706 que Vauban demande à son secrétaire l'abbé Vincent Ragot de Beaumont, de le faire imprimer à Rouen, sans autorisation et sans aucun nom d'auteur.


Cliquez sur l’image pour afficher
le texte intégral de
« La Dime Royale » en PDF

Pour qu’un Vauban ait mis 8 huit ans à la réflexion, c’est que le sujet était délicat !
Ce projet sera publié contre l’avis du Roi fin 1706 et en 1707 ce sont 276 ouvrages reliés qui sont introduits en fraude et distribués chez les proches de Vauban.

Le Conseil Privé du roi se saisit de l'affaire et un arrêt du 14 février 1707 signé « Pontchartrain » intima qu’il « serait fait recherche du livre portant le titre de Projet d’une dime royale » et que tous les exemplaires qui seraient découverts seraient confisqués et jetés au pilon.
Mais, bien que l’auteur soit parfaitement identifié, Vauban ne sera jamais inquiété et heureusement, ils ont loupé quelques exemplaires. C’était juste avant la mort de Vauban.

Les propriétés liées à Vauban

La Tour (le Château) d’Epiry

Cette commune, jadis nommée « Aspiriacus », fut une paroisse dépendant de Saint-Martin de Nevers, dont un abbé fonda à Epiry un prieuré-cure.
Du XIVème au XVIIème siècle, la seigneurie d'Epiry était possession d’une branche de l'illustre famille de Rabutin : Hugues, chambellan du roi Charles VIII qui fut lieutenant au gouvernement de Bourgogne.

Le célèbre Roger de Rabutin Comte de Bussy y serait né dit-on, en réalité « son » Epiry se situe en Saône-et –Loire (mais il fut lieutenant général en Nivernais… d’où l’erreur ?).

C'est dans cette tour que Sébastien Le Prestre rencontra sa future épouse, Jeanne d'Aunay, dame d'Epiry, dans cette tour qu’il vécut avant de s'installer à Bazoches.
Cette propriété lui provient de sa femme.


La « Tour-Château » d’Epiry
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Le domaine de Creuzet (voisin d’Epiry)

- En 1671, le Comte de Crux était redevable d’une somme de 15 000 livres (Estimation : 1 livre sous Louis XIV = 45 € en 2019, soit environ 675 000 €).
Le domaine de Creuzet est adjugé à Vauban par décret du bailliage de Saint-Pierre-le-Moûtier en date du 15 février 1676, soit 41 hectares de bois, avec justice à la Collancelle, Epiry et au Creuset


 Le château du Creuset
(Image Wikipédia)
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Le château de Bazoches


  Le château de Bazoches
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

A la fin du XIIème siècle, la terre de Bazoches jusque-là inféodée au Comté de Nevers, est aux mains de Jean de Bazoches.
En 1320, la demeure passera par mariage à la famille de Chastellux.
En 1494, toujours par mariage, le domaine passe aux mains d’Antoine Saulnier du Follet, conseillé et chambellan du Roi.
En 1515, un legs permet au fief de retourner dans la famille de Chastellux.
Le domaine passera ensuite dans les familles de Montmorillon, de La Perrière, de Vièvre, Dormenieu et enfin à Arthur de Melun puis de son grand-père Jacques Le Prestre avant d’être acheté en 1675 par Sébastien Le Prestre grâce une gratification du Roi après la prise de Maastricht (c’est au court de cette bataille que mourut le célèbre d’Artagnan, celui-là même qui arrêta Nicolas Fouquet).

69 000 livres (environ 3 105 000 € en 2019), c’est ce que lui coutera cette châtellenie, auxquelles il convient d’ajouter les 5 500 livres (environ 247 500 €) de droits féodaux dus au Duc de Nevers.

Ce fut, parait-il, l’évènement le plus cher à son cœur… Et sans doute à sa bourse…

Pour la petite histoire, Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV, avait quelques années plus tôt, en 1661, achevé le château de ses rêves (Vaux-le-Vicomte) mais pour une somme totale estimée à quelques 4 000 000 de Livres (environ 180 000 000 €) dont la provenance douteuse lui valut de finir ses jours à la forteresse de Pignerol, mais pas en tant que châtelain…

Dès 1675, il peut s'installer (de manière épisodique) dans le Morvan, au château de Bazoches.
C’est en ce château qu’il établira son quartier général et installera ses collaborateurs.
Voir plus en détail « Le château de Bazoches » sur ce site, ICI.

Le château de Pierre-Perthuis

Une des plus anciennes du Morvan, la châtellenie de Pierre-Perthuis a difficilement traversé les âges.
Elle fut conquise par les troupes de Charles VII, puis par Philippe le Bon et ses Bourguignons et a longtemps suscité la convoitise des rois de France et d'Angleterre mais aussi des ducs de Bourgogne.

Claude de Sainte Maure, fille de Louis, épousa René de Bellanger et vit son château rasé 9 ans après.
Elle soutint un procès contre le seigneur de Chastellux qui voulait assujettir ses vassaux et le perdit.

En 1590, la forteresse est rasée. Claude de Sainte-Maure, dame de Pierre-Perthuis, fera construire, avec les pierres du château et à son emplacement, une petite maison forte appelée "Petit Castel".

En 1680, ses descendants vendirent Pierre Perthuis à Sébastien Le Prestre de Vauban dont le gendre Louis Bernin de Valentine, marquis d’Ussé, le repassa ensuite avec Bazoches, en 1748, à Denis François Angran d’Allerey.


La porte d’entrée…
Les seuls restes du château de Pierre-Perthuis

La seigneurie de Neufontaines

C’est le 20 Avril 1683 que Vauban rachète cette ancienne Châtellenie ducale et le domaine d'Armance dont 110 hectares de terre et prés au comte de Nevers, Philippe-Julien Mancini Mazarini (1641-1707).

C’est de ce fief que dépendait l’actuelle chapelle du Mont Sabot (ou chapelle de Saint-Pierre aux Liens), édifiée aux XIème et XIIème siècles, ancienne église du prieuré de Neuffontaines.


La chapelle du Mont Sabot
avant travaux de restauration
(Image Wikipédia)

Le château Vauban (situé également à Bazoches)
C’est en 1684 que Vauban rachète cet ancien manoir familial dont son père avait dû renoncer en 1632.
Son cousin, Antoine Le Prestre de Vauban devenu propriétaire du château étant fort endetté, Sébastien lui rachète le château sur près de 500 hectares de terre et de broussailles pour 4 700 livres (environ 211 500 € en 2019).


Le château Vauban

La seigneurie de Cervon
Au lieu-dit « La Chaume », un manoir du XVème siècle appartenait à la famille De La Chaume.
Au XVIIe le fief qui appartenait à Georges de Bony fut acquis par Vauban le 17 Février 1690 avec le fief de La Calfondrée et la maison du Tilot.


Le manoir de la Chaume de nos jours
(Image « Patrimoine du Morvan »)

La seigneurie de Domecy
Elle fut acquise en 1690 (ou en 1683 selon certains textes) à Claude La Perrière.
Elle représentait alors 3 fermes et 70 hectares de terres et de prés.


Le château de Domecy

Le Manoir de Champignolles
En 1555 (peut-être 1548 ?), selon l’abbé JF Baudiau, Charles de Champignolle aurait vendu ses terres avec la maison seigneuriale comprenant Vauban à Emery Le Prestre, écuyer, châtelain de Bazoches.
Le manoir comportait alors une grande pièce avec une tour, bâtie sur cave.
Cette ancienne propriété des Le Prestre, qui était ensuite passée par mariage aux Magdelenet, est de retour dans son patrimoine par l’intermédiaire de son secrétaire François Friand qui, le 17 juillet 1704, se fait rembourser une dette contractée par Jean Magdelenet, conseiller du roi, président en l'élection de la ville de Vézelay.
François Friant (1654-1716), outre être secrétaire de Vauban, était seigneur de Champlois, conseiller du roi et commissaire ordinaire des guerres)


Manoir de Champignolle
(Image Patrimoine du Morvan)

Un domaine unifié

En 1693, Vauban possède son propre «pré carré» avec près de 1 200 hectares de terres dont 400 de bois.

Tous ces terrains ont été patiemment acquis auprès de ses débiteurs puis réunis en un unique domaine par sa femme Jeanne d'Osnay, par quelques échanges et judicieux achats, ce en quoi elle s’avéra être une précieuse collaboratrice dans cette reconstitution de patrimoine.

Plus de la moitié des 91 actes d'affaires agricoles des Le Prestre ont été passés devant Maître Ragon, notaire à Bazoches de 1681 à 1705 et sont signés par Jeanne d'Osnay, l’épouse de Vauban à qui il avait donné une procuration.

Sa fin

Sébastien Le Prestre de Vauban est décédé à Paris le 30 mars 1707, à l'âge de 74 ans, d’une pneumonie aigue dit-on (suite à un mauvais rhume qui ne le quittait plus depuis des années), dans une maison aujourd'hui détruite, un petit hôtel particulier qu’il louait au n°1 de rue Saint-Vincent, l’actuelle rue Saint-Roch.


Plaque situant l’emplacement
de l’ancienne maison de Vauban
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)


Avis de décès du Maréchal de Vauban
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Le chœur de l’église de Bazoches forme un hexagone qui fut reconstruit par le maréchal de Vauban.
Il est flanqué de deux chapelles dont l’une, celle du nord est consacrée à la sainte Vierge et l’autre, à saint Sébastien (martyr patron du bienfaiteur).
Sous cette dernière, le Maréchal avait établi un caveau destiné à la sépulture des membres de sa famille.
C’est là qu’il est inhumé, dans la chapelle dédiée à Saint Sébastien.

    
Le tombeau du Maréchal de Vauban
(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Saint-Simon pense que Vauban serait mort de chagrin à la suite de l’écriture, de l’édition et surtout de sa perception par le Roi et la noblesse de « La Dîme royale » :
« Vauban, réduit au tombeau par l’amertume ».

En effet, cette fameuse Dîme Royale publiée en dépit de l'interdiction royale fut un véritable caillou dans la chaussure du Maréchal.

Et pourtant… Le 14 Octobre 1805 (1809 nous dit JF Baudiau), l'empereur Napoléon Ier (là ça colle…) ordonna que le cœur du Maréchal de Vauban soit retiré de son tombeau et transféré aux Invalides aux côtés des grands de la France.

A cette occasion JF Baudiau nous précise :
« On remarqua alors que le caveau renfermait plusieurs cadavres. La cérémonie d’exhumation se fit en présence des sous-préfets de Clamecy et d’Avallon, des gardes nationales de ces villes, du comte Lepeletier d’Aunay allié à la famille du maréchal et de toutes les notabilités des environs ».
Mais sans que nous en sachions plus sur l’identité de ces cadavres ni sur leurs devenir.


Le cœur de Vauban est aux Invalides
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Le Musée Vauban

Le musée Vauban est installé à Saint-Léger-Vauban, face à sa statue en bronze réalisé par Anatole Guillot (23 février 1865-13 février 1911) et inaugurée en 1905.

    
Le Musée Vauban et la statue


Et le jour de l’inauguration de la statue
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Il est abrité dans la maison de l'artiste peintre et sculpteur Marc Hénard (1919-1992) dont les œuvres ornent l'abbaye de la Pierre-Qui-Vire et l'église de Saint-Léger.


Une statue de Marc Hénard sur l’église de Saint Léger
(Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

La Maison Vauban retrace, bien évidemment, la vie et l'œuvre du Maréchal de Vauban.

La statue de Vauban à Avallon

L’idée vînt, en 1835, du conseil d’arrondissement d’Avallon.

Comme rien n’est jamais facile ni rapide en la matière, la demande fut relancée par un conseiller municipal dénommé Montant et Ingénieur de son état.

Toujours rien… En 1858, en 23 ans, ce n’est pas que l’idée commençait enfin à germer mais plutôt que certains commençaient à trouver le temps long.

Un Commandant d’artillerie nommé Chausson écrivit à la municipalité pour relancer l’affaire et proposa même un emplacement : Les Terreaux Vauban (ex Grand-Cours)
A cette époque, un Dijonnais, le Maréchal Vaillant, issu du Génie fondé par Vauban, était au Ministère de la Guerre.
Le moment pouvait sembler propice.
L’idée était bonne mais la ville n’avait pas le moindre sous vaillant (un comble…).
La vente de bois, les subventions et une souscription furent envisagées.
L’idée fut ratifiée par décret impérial en Novembre 1861… 36 ans que l’idée avait été lancée, nous n’irons pas jusqu’à parler de laisser aller (ce n’est d’ailleurs pas l’expression qui me vient à l’esprit) mais cela y ressemble fortement.

Puis Avallon sembla se réveiller, se souvînt que l’Avallonais était déjà la terre de Claude de Beauvoir, marquis de Chastellux, de Sébastien Le Prestre de Vauban et de Louis Nicolas Davout.
Les portraits des deux derniers trônaient déjà en Mairie (salle des Maréchaux) mais il en manquait un.

Une nouvelle idée germa : Avoir une statue de Chastellux sur les actuels « Terreaux de la Petite-Porte », une de Vauban sur actuelle place Général de Gaulle et celle de Davout au milieu de l’actuels « Terreaux Vauban ».

Et voilà qu’Auxerre entre dans la danse…
Comme si les lenteurs administratives (pléonasme) ne suffisaient pas, la ville qui ne s’était même pas posé la question auparavant, se mit à réclamer la paternité de Davout (et pourquoi une ville ne revendique-t-elle pas la « maternité » ?).

La Société d’Etudes d’Avallon et la Société des Sciences de l’Yonne se lancèrent dans quelques joutes revendicatives à qui aurait « sa » statue,
Auxerre était le Chef-lieu et avait déjà le train, la statue de Davout y fut inaugurée en 1867.

Les Avallonnais à priori dégagés de toute concurrence, se remirent au travail.
En 1865, une subvention de 5 000 Francs est votée par la commune pour l’érection de la statue de Vauban et une commission de suivi est mise sur pied.

En 1866, la commission fit part de son choix. Bartholdi !
L’auteur de la statue de « La Liberté éclairant le Monde » à New-York.
Le coût de la statue en bronze s’élèverait à 17 000 Francs (hors piédestal et maçonneries).
Une réunion avec le sculpteur amena à proposer de reculer l’entrée de la promenade et donc de couper 4 arbres et de réaliser quelques autres aménagements.
Ces contraintes furent acceptées en août 1866.

Oui mais, c’était sans compter avec le fameux « Conseil général des bâtiments civils du ministère de la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts » qui contesta (contestations elles-mêmes contestables) nombre de détails au projet, allant même jusqu’à refuser la statue.
Bartholdi fit à son tour des critiques argumentées et la municipalité adressa réclamation auprès du ministre de « La Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts », précisant que les « membres du Conseil général des bâtiments » méconnaissaient les lieux d’implantation de la statue.

Pendant ce temps, les Avallonnais n’avaient pas faibli, portant le montant de leurs souscriptions à 24 000 Francs.
Seulement, comme les gens de « La Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts » aiment bien avoir toujours raison, un nouveau refus fut opposé, puis un second.
Bartholdi sans doute agacé reprit le projet en s’inspirant du dernier rapport et le miracle s’accomplit.

Le projet fut approuvé en 1868, ce qui permit à la commune d’obtenir une subvention royale (Impériale) de 1 000 Francs…
Les souscripteurs en avaient réuni 24 000…

Mais quand ça ne veut pas…
La guerre franco-prussienne (1870-1871) obligea Bartholdi à s’engager dans l’armée de Garibaldi, ce qui retarda encore un peu les choses.
Le travail achevé fut confié à un fondeur parisien, Ferdinand Barbedienne (1810-1892).
Durant un an, l’œuvre terminée fut exposée aux Champs-Elysées avant son installation à Avallon.


La statue de Vauban à Avallon
(Image Wikipédia)
Heureusement que l’auteur du rapport du
« Conseil général des bâtiments civils du ministère de
la Maison de l’Empereur et des Beaux-Arts »
ne voit pas la rampe d’accès à la droite du Maréchal…

L’inauguration fut fixée au 26 Octobre 1873, pour correspondre avec l’inauguration de l’arrivée du chemin de fer à Avallon le 20 Octobre 1873.
Nous passerons sur les « officiels », leurs discours ou les toasts qui ont pu être – longuement – portés pour ne retenir que :
Le 26 Octobre 1873 à 13 heures 30, alors que le cortège arriva sur la « place du Grand-Cours », le voile qui recouvrait la statue tomba sur une salve d’artillerie.

38 ans pour ériger une statue à cet homme qui, dans le même temps avait réalisé tant de choses..

Dans quel bêtisier devrions-nous ranger cette histoire ?

Quelques tournages sur Vauban

A voir ou à revoir :
- Il était une fois Vauban ou l'histoire de sa vie. Film TLB
- https://www.youtube.com/watch?v=d-i94zdmvnE

- Dans les pas de Vauban (France 3)
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/emissions/c-est-bourgogne-franche-comte/pas-vauban-1444477.html

- Il y a 385 ans naissait Vauban
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/il-y-385-ans-naissait-vauban-1467721.html

- Le canal du midi révélé
- https://www.youtube.com/watch?v=IwqqdBd3SVo

- Visites privées :
- https://www.youtube.com/watch?v=l1rOrC7xCeo

- Emission spéciale Des Racines et des Ailes
- http://www.sites-vauban.org/Emission-speciale-Des-Racines-et

- Vauban évoque ses services auprès de Louis XIV et sa vie en sa demeure de Bazoches
- https://www.youtube.com/watch?v=_oCiwJPtSZY

L’IMI à Versailles

Les Ingénieurs Militaires de L’infrastructure (IMI), dignes successeurs du maréchal de Vauban, sont hébergés à proximité du château de Versailles.

Après leurs formations, ils iront rejoindre les effectifs du Service d’Infrastructure de la Défense (SID) en charge de construire et gérer le patrimoine immobilier militaire en France et à l’étranger.


Les IMI se recueillant devant le mausolée de Vauban
aux Invalides lors du 300ème anniversaire de la mort du Maréchal.
photo site : http://www.lescarnetsdeversailles.fr/2017/03/vauban-et-versailles-310-ans-dhistoire-commune/

Sources documentaires

- Marie-Aimée Latournerie, « Le Morvan dans la vie et les écrits de Vauban »
– Publication de l’Académie du Morvan
- http://www.sites-vauban.org/telechargement/Manuel-pedagogique.pdf
- https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9bastien_Le_Prestre_de_Vauban
- Geneanet : https://gw.geneanet.org/cdemagnitot?lang=fr&pz=albin&nz=jourdan+du+mazot+le+rat+de+magnitot&p=sebastien&n=le+prestre
- https://www.lesechos.fr/2007/02/vauban-esclave-de-louis-xiv-520712
- « Vents du Morvan » numéros 300, 586, 645 et 653
- Château de Bazoches : http://www.chateau-bazoches.com/#av_section_1eau-bazoches.com/#av_section_1
- Paul Delsalle ; « Histoires de familles : les registres paroissiaux et l'état civil, du Moyen âge à nos jours »
- Abbé JF Baudiau : « Le Morvand, ou essai géographique, topographique et historique sur cette contrée »
- A. Jal : « Dictionnaire critique de biographie et d’histoire »
- Michèle Virol : « Vauban de la gloire du roi au service de l'Etat »
- Planète TP : http://www.planete-tp.com/fortifications-construites-par-vauban-r385.html
- Liste des villes fortifiées par Vauban : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_villes_fortifi%C3%A9es_par_Vauban
- https://fr.geneawiki.com/index.php/VAUBAN_(Marquis_de)_-_LE_PRESTRE_S%C3%A9bastien
- Les canaux de Vauban : https://fr.geneawiki.com/index.php/Les_canaux_dit_%22Canal_Vauban%22
- « RMC découverte – Le canal du midi, un patrimoine révélé » : https://www.youtube.com/watch?v=IwqqdBd3SVo
- Jean-Louis Peaucelle : « Vauban, La normalisation du travail avant Taylor ? »
- Jacques Laloux : « Une ancienne maison forte en Morvan, le Castel de Ruère et ses seigneurs à Saint-Léger Vauban »
- Nicolas Fauchelle : « Manuel pédagogique » : http://www.sites-vauban.org/telechargement/Manuel-pedagogique.pdf
- http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Vauban.pdf