Les colporteurs

Le colportage désigne le fait de vendre des objets divers, dans la rue et de façon itinérante.

  
Le colporteur sur la digue des Settons

Le colporteur

"Le petit colporteur est arrivé, venez voir ; couteaux, rasoirs, fil, aiguilles, peignes, épingles à cheveux, papier à cigarettes, lunettes..."

Le colporteur était d’abord et avant tout un marchand ambulant.
Il transportait avec lui, à dos d’homme, par devant-lui ou avec une carriole (tout dépendait des itinéraires qu’il empruntait), toutes les marchandises de son commerce.
On donne le même nom à ceux qui vont dans les maisons afin d’y acheter ou de revendre de vieilles marchandises en habits, en linges etc…
C’était aussi un vecteur d’informations, il « colportait » les bonnes et les mauvaises nouvelles d’un village à l’autre.

Etymologie - Origine

Colporteur vient du latin » comportare » signifiant « transporter ».
Il est aussi question du verbe « coltiner » se rapportant au transport d’une lourde charge sur le cou et les épaules, la tête étant alors protégée par un « coltin », sorte de coiffure faite de cuir et protégeant le col et les épaules.

Le terme « colporteur » semble s’être imposé à la fin du XIIIème siècle en lieu et place d’un terme « contreporteur ».
Il regroupe alors toutes les formes du métier dont les protagonistes ne disposent pas d’un emplacement de vente déterminé.

Autres appellations

Elles sont nombreuses :
Colporteurs, pieds poudreux, porteballes, marcelots, marciers, bizouards, trafiquants, dauphinés (plus lié à la région où ils exerçaient ou à Nevers où ils étaient ainsi nommés), gazetier (qui crie et vend la gazette dans les rues de Paris) ou encore Caïffa sont quelques-unes des appellations caractérisant les colporteurs.

Le « Dictionnaire Universel Français et Latin (Volume 5) », nous précise :
« Le Pied Poudreux se dit des vagabonds et des étrangers qu’on a appelés dans la basse Latinité « Pede pulverosi » ce qui se disait particulièrement des marchands qui venaient « trafiquer » dans les Foires.
On donnait autrefois ce nom en Angleterre aux marchands forains qui venant « d’ ailleurs » avaient les pieds poudreux de la poussière qu’ils avaient ramassée dans le « Pede pulverosi , pes pulverisatas ».

Il y avait même un tribunal particulier pour les Pieds poudreux »

Différentes formes de colportage

Parmi tous les colporteurs, il y avait les ouvriers, raccommodeurs de faïence de porcelaine ou de vaisselle,
les rémouleurs, les vitriers, les rétameurs... mais aussi des vendeurs d’articles de mercerie, des aiguilles, du fil, du coton et des étoffes, de la bijouterie, de la coutellerie, des parapluies, des tabatière, des remèdes miracles, des pipes et du tabac, des nécessaires de toilette, des peignes, des images pieuses ou autres livres, interdits ou non… sans oublier le sel et les allumettes (de contrebande)…


Je suis sûr que vous avez connu ça.

Quelques professions

Raccommodeur de faïence ou de porcelaine :


La faïence raccommodée

La méthode remonterait au début du XVIIIème et aurait été inventé par un Normand, Monsieur Deslisle.
Les fabricants de faïence ont protesté arguant du fait que si l’on réparait la faïence, on risquait d’en vendre moins. Mais rien n’y fit et un jugement conforta même les raccommodeurs.
Plus tard, les restaurateurs ont amélioré leurs techniques qui consistaient en des agrafes en fer et fil de fer introduits dans de petites perforations.
Les manques étaient comblés avec une espèce de mastic de vitrier destiné à rendre leur réparation invisible.
Puis on utilisa un mastic composé de céruse et de blanc d’œuf, puis des colles époxy, puis… ces nouveaux procédés sonnèrent la fin de ce vieux métier.


Pour écouter la chanson de Berthe Sylva (après la pub bien sûr),
le raccommodeur de faïence, cliquez sur l’image ou ici:
https://www.youtube.com/watch?v=35CFtXox5Sg

Ça risque d’en faire rire quelques-uns…

Le rémouleur :


Le rémouleur

Saviez-vous que de nos jours il existe une Ecole Nationale d’Affutage et de Rémoulage ?
Eh bien oui.

Voici d’ailleurs la définition qu’elle donne de ce métier qui, outre la qualité du matériel, n’a guère changé.
« Le rémouleur est un artisan qui affûte dans sa camionnette, les outils tranchants (courants) sur meule pour les particuliers ou les professionnels.
Il exerce une activité de précision, car le travail de la lame se fait au millimètre près. »


Le rétameur :


Le rétameur

L'étamage consiste à déposer une couche d'étain (d'un autre métal ou d'un alliage) sur un ustensile afin d'en empêcher l'oxydation.
Le travail du rétameur consistait au contraire à enlever l'ancien étain afin de le refaire à neuf.
Il rebouchait les trous dans les fonds de casseroles et autres ustensiles (généralement en fer blanc).

Effectifs et origines des colporteurs

Effectifs :
Il est pratiquement impossible de savoir combien il étaient.
En effet, ils devaient être inscrits sur un registre de la généralité du lieu (circonscription administrative) à une époque où les département n’existaient pas encore.
A titre indicatif, une étude « Canopé »( Réseau de création et d’accompagnement pédagogique) pour l’académie de Reims a été réalisée au début des années 2000 sur « Le colportage de librairie en Champagne ».
« Une étude quantitative précise des marchands ambulants spécialisés dans la librairie.
Geneviève Bollème (« La Bibliothèque bleue, la littérature populaire en France du XVe siècle au XIXe » siècle, Gallimard-Julliard, coll. Archives, 1971) estimait, en 1712, à 120 le nombre des colporteurs. A la fin du règne de Louis-Philippe, il serait 3 500 si l'on en croit le dictionnaire Larousse de 1869.
Cette extraordinaire croissance est confirmée par nos propres recherches puisque ce sont 4 535 visas qui ont été dénombrés dans les seuls départements de la Marne et de la Haute-Marne pour la période du second Empire ».

Origines :
Pour leurs origines, cette même étude laisse apparaitre quelques constantes :
Ils viennent majoritairement d'espaces montagnards ou de secteurs frontaliers :
- Les Vosges, la Savoie, l’Italie et les Pyrénées.
On note également :
- Qu’ils sont tous issus de zones rurales à faibles rendements, de cantons peu alphabétisés, sont eux-mêmes peu capables de signer leur demande de visa, sont plutôt jeunes (entre 12 ans et 25 ans) et que pour la plupart, le colportage de librairie apparaît comme un travail saisonnier qu’ils n’exécutent pas plus de six mois dans l'année.

Règlementation

Certaines « spécialités » du colportage étaient sous la haute surveillance de l’Etat.
L’exemple en est la mainmise du pouvoir sur le monde de l’édition qui transparaît dans un édit d’Août 1686, encore plus restrictif pour la librairie :
« Il est ordonné par édit royal de sa majesté de 1686, arrêté de son conseil, que les livres dont l’impression ne permet pas chacun des privilèges, ne seront vendus que par un libraire ou imprimeur ».

L'article 47 de cette édition d'août 1686 précise également :
« qu’aucun ne pourra être reçu comme colporteur s'il n'a pas fait l’apprentissage de libraire, d’imprimeur, de fondeur de caractères ou de relieur… »


Modèle de patente

Les conditions d’exercice de cette spécialité se durcissent encore avec le « Règlement pour la librairie et imprimerie de Paris » arrêté en conseil d'État et paru 28 février 1723.
Ce règlement, rédigé par le chancelier d'Aguesseau, contient 123 articles.

Si vous souhaitez vous engagez dans la lecture des 106 pages de ce document, il vous suffit de cliquer sur l’image ci-dessus, il est disponible en PDF sur ce site.

Si non, en voici un bref résumé…
Ce dernier impose que les colporteurs sachent lire et écrire :
« C’est aussi pour qu’ils n’aient point de fausses excuses à proposer en disant qu’ils ont été trompés et qu’ils ne savaient point de quelle nature était l’écrit ou l’imprimé qu’on leur donnait à afficher ou à colporter… ».
(mais curieusement on ne leur impose pas de savoir compter…).

Ils devaient également être inscrits sur un registre de la généralité du lieu (circonscription administrative),
« La cour faisant droit sur les Conclusions du Procureur Général du Roi ordonne qu’aucun ne pourra faire le métier de Colporteur s’il ne sait lire et écrire et qu’après avoir été présenté par les Syndics et Adjoints des Libraires et Imprimeurs au Lieutenant Général de Police et par lui reçus sur les Conclusions du Substitut ».

Enfin, il leur était imposé de porter une plaque distinctive au-devant de leur habit, « un écusson de cuivre où il est écrit colporteur »,
(les prémices du registre des métiers, ou du commerce ?).

Ceux ne portant pas de plaque sont alors inscrits comme « Trafiquants » dans les différents registres et actes existant.
Beaucoup d’entre eux ne savent ni lire ni écrire et ne souhaitent pas non plus payer les taxes qui se sont naturellement crées avec l’organisation de leur profession… (refrain connu ?)

De leur côté, les colporteurs de marchandises ne sont pas beaucoup plus libres.
« Le colportage n’est point permis dans les villes pour les objets qui appartiennent aux maîtrises formant des communautés, les maîtres eux-mêmes ne peuvent ni colporter ni faire colporter, ils doivent se restreindre à l’étalage dans leur boutique de crainte que le colportage entre eux n’excite des jalousies et des manœuvres pour se nuire les uns aux autres… ».

Une exception était toutefois faite dans le contrôle de l’activité des colporteurs de « vieilles hardes »
En effet, si ce colportage qui appartient aux revendeurs est toléré quasiment partout (excepté dans les villes où il y a des fripiers en communauté), il devient très contrôlé voire interdit en cas de maladies contagieuses en quelque endroit.
« La police doit avoir attention de défendre de colporter les hardes qui ont servi aux malades et même pour prévenir tout inconvénient.
On défend alors pour le plus souvent d’en colporter ou revendre aucune, soit qu’elle ait servi ou non aux malades, afin que sous le prétexte que ce sont des hardes provenant de gens en santé, le public ne soit point exposé à contracter la contagion ou l’épidémie contre laquelle on prend des précautions… ».


Et puis il y avait ceux qui vendaient des livres interdits, des allumettes… Les contrebandiers.

Quelques littératures

Parmi les plus répandues il y a immanquablement « La bibliothèque bleue » et les « Almanachs »

La bibliothèque Bleue
C’est en 1602 qu’un imprimeur troyen, Jacques Oudot, édite une série de livrets sur papier bon marché, utilisant caractères usagés et anciennes gravures sur bois, et les fait vendre par des colporteurs dans toute la France.

Le nom de cette édition de petits formats (14 x 7 ou 21 x 15 cm), vient de leur couverture en papier bleu utilisé généralement comme papier d’emballage.
Ces livrets imprimés à Troyes sont largement copiés et vendus partout jusqu’à la première moitié du XIXème siècle.

Les textes proviennent d’ouvrages précédemment édités et pour lesquels tous les droits ont expirés. Ils traitent de recettes de cuisine, d’astrologie, de jardinage, de plantes, de romans de chevalerie etc…

Sans connaitre le réel nombre d’exemplaires (on parle de millions…) mis sur le marché, le succès dans une période ou l’illettrisme est particulièrement élevé, peut surprendre. L’explication fréquemment avancée privilégie le fait que :
« Si tout le monde ne sait pas lire, il y a dans chaque village au moins un lecteur qui peut faire une lecture collective »

La plupart des livrets composant cette bibliothèque bleue sont anonymes, leurs rédacteurs pouvant aussi bien être des hommes de lettre, des ecclésiastiques,  des imprimeurs voire même des ouvriers typographes. Leurs œuvres qui allaient de « Jargon de l’argot » à « Bonhomme Misère », « Malice des femmes » ou encore « Sermons et consolation de cocus », ne se sont jamais risqués à les signer.

Le développement industriel et l’alphabétisation grandissante provoquèrent naturellement la mort du commerce de cette littérature.

Les almanachs :
Ils remonteraient aux Grecs et aux Romains et l’expansion du christianisme les aura répandu partout en Europe.
Ils reprennent des observations astronomiques, les prémices des prévisions météorologiques, des conseils agricoles en fonction des jours ou de la période, les événements locaux (foires).
Leur intérêt est d’être illustrés et de pouvoir être compris par les illettrés qui en déchiffrent rapidement les significations.

Nostradamus a fait réaliser son almanach en 1550, Benjamin Franklin en 1732.
Ils deviennent bientôt humoristiques, satiriques, politiques et devanceront simplement les journaux.

Les allumettes, une contrebande rentable

L’Etat ne pouvant instaurer une taxe suffisamment lucrative sur les allumettes, il recourut à un subterfuge en
en confiant le monopole de la production et de la vente à la Société Générale des Allumettes Chimiques le 2 août 1872.

S’en suivit bien entendu la disparition des petites usines créées depuis une trentaine d’années et conduit rapidement à la contrefaçon et à la vente clandestine.

Les allumettes de contrebande étaient particulièrement recherchées car généralement de qualité supérieure à celles vendues officiellement par la Régie, et surtout beaucoup moins chères.

En 1875, devant l'ampleur de la fraude, une loi de répression fut édictée avec à la clef forte amende et emprisonnement.

Fabrication :
Un premier « artisan » utilisait un petit cube de bois posé sur un billot, et appliquait quelques judicieux coups de marteau sur l’une de ses faces afin de mater les fibres du bois.

Un deuxième fendait le cube selon deux directions perpendiculaires afin d’obtenir des allumettes tout en veillant à ce qu’elles restent bien en bloc.

Le troisième faisait fondre doucement le phosphore dans une vielle poêle sur le fourneau. Le phosphore (ou le souffre) nécessaire à la fabrication était acheté en Suisse et importé en fraude.

Le quatrième écartait précautionneusement les allumettes du cube qui venait d’être préparé et en plongeait les extrémités dans le phosphore liquide.

Un séchage et il n’avait plus qu’à…

Transport :
Dans les années 1890, un individu marche tout près de sa voiture à âne.
Trois agents le remarquent et décident simplement de s’enquérir des raisons de sa présence en cet endroit.
Il se rend à une foire dans la Nièvre et s’il transporte du foin c’est pour son âne.
Précision bien superflue qui amène les policiers à vérifier le foin dans lequel ils découvrent une malle bien dissimulée et remplie de quelques 87 750 allumettes… (de nos jours une grosse boite d’allumettes c’est 240 unités).
L’homme se rendait bien à une foire mais pour y vendre ses allumettes, ce qui lui valut prison et tribunal devant le représentant des contributions indirectes.

Remarque :
L’allumette à friction fut inventée en 1831 par Charles Sauria (1812-1895), étudiant en chimie à Dole (Jura).
Charles Sauria ne disposant pas de l’argent nécessaire au dépôt du brevet, c’est un Allemand dénommé Jacob Friedrich Kammerer qui sera le premier à fabriquer industriellement les allumettes à friction.

Et à propos d’allumettes, savez-vous ce qu’est la philuménie ?
C’est le nom donné à la collection des étiquettes et boîtes d’allumettes.

Quelques exemples dans le Morvan

Dans le Morvan, ils semblaient être appelé « Marcelot ».
Comme partout dans les campagnes reculée, ils étaient particulièrement utiles à la vie des Morvandiaux. Ils leur évitaient de grands déplacement à la ville pour se procurer quelques produits de nécessité.

Ercole Vanninni à Saint-Honoré les Bains :

Quatrième enfant d’une famille de cinq, Ercole Vanninni est né le 8 Novembre 1905 en Italie, à Tresana, un village proche de Carrare et aussi pauvre que les villages morvandiaux.
Son père, devenu veuf rapidement, était carrier toute la semaine et devenait colporteur occasionnel le dimanche. Alors que la misère grandissait, il décida de partir pour la France, chez des amis, à Digoin (Saône et Loire), avec Ercole et Francesco, deux de ses enfants, confiant le reste de la famille (un fils) à sa fille aînée.

Après qu’ils aient obtenu leurs papiers administratifs et appris le français, le père retourna en Italie laissant ses enfants sillonner les département voisins.
Puis en 1924, ce fut Francesco qui rentra au pays.
En 1926, Ercole arriva donc seul dans le Morvan et, au fil du temps, il trouva un point d’attache à Préporché, au café « Hugotte », puis à Luzy où son frère le retrouva en 1932 en revenant d’Italie.
Les affaires marchaient bien et en 1933, Ercole eut même les moyens de s’acheter une petite voiture.

Tous deux parcoururent le Morvan jusqu’à ce 24 février 1936 où Ercole épousa Germaine Monira à Saint-Honoré les Bains.
Le 10 Mars 1936, le couple ouvrait son premier magasin, mercerie, bonneterie, vêtements de travail, chapelets et livres de messe à Saint-Honoré et Ercole continuait ses tournées.

Le magasin familial définitif ouvrit en 1963 et Ercole décédait le 26 décembre 1972.
Ce magasin, tenu par la suite par leur fille Lina, existait rue Eugène Boyer et a aujourd’hui disparu.

François Neyrat à Autun :


 En tête Neyrat

En 1852, c’est François Neyrat, un colporteur d’origine corrézienne spécialisé dans les parapluies qui passa par Autun et trouva le climat propice à la vente de ses articles.
Il décida de rester et ne tarda pas à créer son propre magasin.
En 1875, il développa l’artisanat du parapluie qui prendra son essor dès 1896 et deviendra une industrie florissante qui comptera jusqu’à 300 salariés, à 90% féminin.
Plusieurs générations de Neyrat se succèderont, après François ce sera Léon, puis Jules, Joseph et le beau-frère C. Peyronie… et l’entreprise se modernisera avec les plus récents outillages.


Affiche parapluies Neyrat

La firme « Les fils de Léon Neyrat & Cie » qui arrivera à fabriquer 1 200 articles par jour, représentera jusqu’à 20% du marché et deviendra une des premières manufactures de parapluies de France.
Les périodes de sécheresse comme celle de 1976 ont fait chuter les ventes de 30% et en 1977, l’arrivée des parapluies d’Extrême-Orient avec quelques 3 millions d’exemplaires importés ont mis l’entreprise à mal.

Caïffa :


 La voiture à chien « Caïffa »

C’est ainsi qu’ils s’annonçaient dans nos villages morvandiaux : « Caïffa, Caïffa » en poussant devant lui une petite voiture.
« M’man, v’lai l’Caïffa ! »
Ce nom avait été donné aux colporteurs employés par la maison «Au planteur de Caïffa».


Publicité Caïffa

Cette maison qui fut fondée à la fin du 19ème siècle par Monsieur et Madame Michel Cahen, était à l’origine, une société importatrice de café et en assurait la torréfaction et la distribution.
Avant la Seconde Guerre Mondiale, cette entreprise disposait d’environ 400 succursales, Saulieu, Arnay-le-Duc, Avallon, Corbigny, Luzy, Château-Chinon… d’où partaient leurs colporteurs.
Leurs petites voitures en bois étaient facilement reconnaissable : Un caisson peint au nom du «Planteur de Caïffa» monté sur 2 roues à essieu et une roue mobile à l’avant.

A Château-Chinon, la boutique « le Caïffa », située avant la guerre dans la rue des Fossés, était tenue par Monsieur et Madame Devière et dans les années 1927-1930, c’était avec une voiture à cheval qu’ils assuraient les tournées.

Monsieur et Madame Delacroix leur succédèrent de 1934 à 1939 et tenaient un magasin situé rue du Marché.
La guerre arriva et Monsieur Delacroix fut mobilisé et ne put reprendre son activité qu’en 1950 mais délaissa le cheval pour une camionnette Citroën.

Le poids et le prix des marchandises

Tout dépendait des marchandises elles-mêmes bien sûr mais aussi des itinéraires empruntés.
Généralement, lorsqu’elles étaient transportées à dos, elle étaient de l’ordre de quelques dizaines de kilos et parfois même (mais rarement) 50 kilos.
Les marchandises étaient presque toujours achetées chez un marchand de gros et, en règle générale, la marchandise se payait au retour, avec l’argent gagné lors du voyage…
Lorsque c’était possible…
Ce qui a naturellement conduit à de nombreux drames.


Quel était le poids de la balle ?

L’image des colporteurs

Le colporteur bien que souvent connu, était et restait un étranger.
Cette caractéristique permettait de lui attribuer toute la responsabilité de certains méfaits.
En certains endroits on n’hésitait pas à les inscrire comme « auteur » de l'enfant dans les registres de déclaration de grossesse hors mariage.
Parfois c’était vrai mais souvent non…

Par ailleurs, lorsqu’il était bien connu, il était respecté de tous, et généralement le gîte et le couvert lui était offert.
C’était pour lui l’occasion de se transformer en conteur au cour des veillées.

Qu’en est-il de nos jours

Les quêtes ou ventes d’objets sans valeur marchande propre sont interdites sur la voie publique ou dans les lieux publics
par arrêté préfectoral. Toutefois, certaines dérogations peuvent être momentanément accordées à certains organismes ou à certaines associations dans un cadre spécifique.

Voici ce que répondait en 2004 le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales à M. Jean-Louis Masson sénateur de la Moselle (JO Sénat du 15/07/2004 - page 1587) :
« L'honorable parlementaire souhaite savoir si un régime de déclaration préalable est applicable à la distribution de journaux ou de documents sur la voie publique. Les personnes diffusant sur la voie publique des journaux ou des documents, à titre onéreux ou gratuit, sont des colporteurs au sens de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. L'article 18 de cette loi définit le colportage en termes généraux en le caractérisant par la distribution sur la voie publique ou en tout lieu public ou privé d'écrits de toute nature ou d'images, et soumet le colportage professionnel au régime de la déclaration préalable. Il appartient ainsi aux personnes qui souhaitent exercer cette activité à titre permanent, de faire une déclaration de colportage à la préfecture du département où elles sont domiciliées ou à la sous-préfecture ou à la mairie, selon l'étendue du champ territorial où ils envisagent d'exercer leur activité, pour que le récépissé dont elles doivent être munies leur soit remis. En revanche, aucune déclaration n'est exigée pour les colporteurs occasionnels. Il importe de signaler que cette réglementation pourrait être à terme sensiblement remaniée. En effet, dans le cadre de la préparation du deuxième projet de loi habilitant le Gouvernement à simplifier le droit, il est envisagé de supprimer l'obligation de déclaration préalable pour les colporteurs professionnels ».

Une interdiction peu connue

Je suis certain que vous ne la connaissez pas…

La distribution de tract s’apparente au colportage.
Il est interdit de distribuer des tracts aux occupants de voitures en circulation
(Article R412-52 du Code de la route) :
« Le fait de distribuer ou faire distribuer des prospectus, tracts, écrits, images, photographies ou objets quelconques aux conducteurs ou occupants de véhicules circulant sur une voie ouverte à la circulation publique est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe ».

Et toc !

Sources documentaires

- Documentation personnelle
- http://www.textesrares.com/
- JO du Sénat
- Code de la route
- Vents du Morvan numéros 377 et 707
- Joseph Bruley : Morvan cœur de France
- Georges de Vilprey : Le marchand d’allumettes
- Claude Chermain, passeur de mémoire : "Il pleut… il plait, le parapluie d’Autun".
- Gallica, bibliothèque nationale de France
- Ecole Nationale d’Affutage et de Rémoulage :

http://www.affuteurs-remouleurs.com/pages/ecole.html