L’Épiphanie (ou théophanie) et la galette
des rois, le 6 janvier.
Origine
Du latin « Epiphania » et
du grec « Epiphàneia » (verbe phaíno), le mot signifie « manifestation », «
apparition », « se manifester », « apparaître »…
L’épiphanie serait donc la célébration de l’hommage que
les rois mages Melchior, Gaspard et Balthazar seraient venus rendre à
l’Enfant Jésus.
L’évangile selon Mathieu est le seul à rapporter
brièvement l'événement des Mages venus adorer Jésus mais il ne parle aucunement
de leur titre ni de leur nombre.
Le fait qu’ils fussent rois en reviendrait à un dénommé
« Tertullien », écrivain qui vécut entre 155 et 225, quant au fait qu’ils
fussent 3, personne n’en fait mention en dehors « d’Origène », théologien né à
Alexandrie et qui vécut entre 185 et 253.
L'utilisation du terme « épiphanie » serait bien
antérieure au christianisme puisque dans la culture grecque, les « Épiphanes »
sont les douze divinités de l'Olympe apparues aux hommes, à savoir :
- Zeus, Héra, Poséidon, Athéna, Arès, Déméter, Apollon,
Artémis, Héphaïstos, Aphrodite, Hermès et Dionysos (ce qui équivalait chez les
romains à : Jupiter, Junon, Neptune, Minerve, Mars, Cérès, Apollon, Diane,
Vulcain, Vénus, Mercure et Bacchus).
Les saturnales
Du temps de la Rome
antique, les Saturnales célébraient le retour du soleil après le solstice
d’hiver et se déroulaient entre le 17 et le 24 décembre.
En 274, elles seront prolongées jusqu’au 25 décembre qui
n’était pas encore « officiellement » la naissance de Jésus (seulement en 354)
mais le « Dies Natalis Solis Invicti » ou « le jour de naissance du Soleil
invaincu »
Théodose Ier, empereur romain de 347 à 395 interdit
ensuite tous les cultes non chrétiens.
L’épiphanie est donc devenue une fête religieuse qui a
remplacé les antiques Saturnales et qui se célèbre le 6 janvier ou le deuxième
dimanche après Noël.
La coutume de la fève et du roi
Avant que la religion ne
prenne réellement le pas sur les antiques Saturnales, la coutume était de voir
se produire une inversion des rôles, peut-être une manière (momentanée)
d’éprouver quelque remord ou repentir, voire de faire croire à une grande
bonté…
Toutefois à l’époque, il n’était pas question d’offrir
de la galette au peuple, pas plus qu’un quelconque gâteau d’ailleurs.
Les grandes familles romaines se partageaient donc la
friandise et celui qui trouvait la fève, un jeton de vote, avait pouvoir de
désigner celui qui serait le « roi d’un jour ».
Tous, riches, pauvres, maîtres, esclaves, vivaient alors
mélangés sous l’autorité du roi élu, parfois appelé « Roi du désordre », et
auquel tous obéissaient.
Le lendemain (au plus tard…), le roi d’un jour
retrouvait son statut et pouvait être mis à mort, même si cela n’était pas
initialement prévu.
Il y a des limites à tout…
Une autre coutume du jour des rois, plus morvandelle
celle-là, consistait à placer 12 grains de blé correspondant aux 12 mois de
l’année sur de la braise. Il suffisait ensuite de
regarder comment se comportaient les grains sous l’effet de la chaleur. S’ils sautaient en avant, le prix du blé augmenterait ce
mois-là, en arrière, il diminuerait, sur le côté, les prix ne bougeraient pas.
L’histoire ne dit pas si quelques-uns ont ainsi pu faire
fortune.
La galette des rois
La Révolution a bien
essayé de supprimer la galette des rois, notamment en tentant de la renommer
fête « des sans culottes » ou encore « de bon voisinage » mais rien n’y fit.
Dans le Morvan, la galette était plutôt un gâteau de
froment (ou de sarrasin) cuit dans (sous) la cendre mais toujours en forme de
couronne de manière à rappeler le disque solaire.
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Ici comme ailleurs, tirer les rois impliquait qu’un
enfant se glisse sous la table les yeux bandés (il n’y avait pas toujours de
nappe pour le cacher) et désigne les parts à attribuer, en commençant bien sûr
par la part du Bon Dieu et celle de la Sainte Vierge dont on ne sait qui
finissait par se les octroyer puisqu’il y avait aussi la part du pauvre…
Il semble qu’en certains endroits on fut plus
raisonnable en ne désignant que « la » part du Bon Dieu ou celle de la Sainte
Vierge ou celle du pauvre…
Venaient ensuite les parts des anciens etc., dans une
chronologie plutôt bien huilée.
Dans son « Morvan cœur de France », Joseph Bruley nous
rappelle Bidault de l’Isle : « …
Il fallait que le gâteau fût découpé sous une serviette blanche, afin que le
secret de la fève fût gardé, et présenté au père par le plus jeune enfant. «
Pour qui ? Disait le père en désignant une part et l'enfant indiquait alors
quelqu'un de l'assemblée. Mais la première part était soigneusement réservée
aux malheureux : c'était la part à Dieu. (D'autres disaient la part de la
vierge.) ».
Les fèves
Du temps des Saturnales,
la graine de fève aurait symbolisé une pièce de monnaie.
En Morvan, les fèves étaient très locales, une
nouillotte (noisette), une faiviole (haricot) faisaient l’affaire.
Ce ne serait qu’en 1875 que la fève « légume » aurait
disparu pour faire place à la fève en porcelaine, une fève généralement blanche
et représentant l’enfant Jésus.
Jadis fabriquée quasi exclusivement en Allemagne, cette
activité aurait vu un nouvel essor à Limoges, ville de la porcelaine.
En 1950, les fèves en plastique ont fait une brève
apparition.
Dans les années 1980, sont venues les fèves métalliques,
en métal doré, le Zamac (initiales de Zinc, Aluminium, MAgnésium et Kupfer
–cuivre-). Elles sont apparues presque en même temps que
le four à micro-ondes et ont disparu très rapidement pour cela.
Pourquoi ? L’on vous dira
toujours quelque chose du genre : « Le chauffage des galettes dans les fours à
micro-ondes a entraîné certains déboires et les fèves métalliques ont presque
entièrement disparu ».
C’est léger, alors essayons une explication plus
réaliste et toute aussi simple :
Les fours à micro-ondes utilisent, comme les radars ou
autres télévisions, une fréquence élevée, de l’ordre de 2 450 Mhz (Mégahertz).
Le problème de ces ondes est que :
- si elles sont absorbées par les molécules de graisses,
de sucre et d’eau, elles les réchauffent en les faisant vibrer à une cadence
de 2 450 millions de fois par seconde,
- si elles traversent sans inconvénients des matériaux
comme le verre, la terre cuite ou la porcelaine, elles sont réfléchies par les
métaux.
Cette réflexion du rayonnement électromagnétique sur le
métal, excellent conducteur d’électricité, se traduit par l’apparition d’arcs
électriques en certains endroits du métal, généralement sur les extrémités
pointues ou effilées.
Dans ces conditions et outre le danger, les galettes
comportant des fèves métalliques ressortaient toutes « légèrement brûlées » et
souvent inconsommables.
De nos jours, les fours ont évolué et les fèves
métalliques ont disparu.
Puis, à la fin des années 1980, ce fut de nouveau
l’avènement de la fève en porcelaine, qui tout d’abord prit des couleurs, se
rapprocha des héros de bandes dessinées, de films etc.
Les
fèves aujourd'hui
Aujourd’hui les thèmes sont infinis et, en Morvan, les
faïenceries « Colas » (famille du célèbre navigateur disparu) de Clamecy en
sont devenues d’indiscutables spécialistes.
Une
partie de la collection des fèves "Colas"
Quant aux collectionneurs de fèves, les fabophiles (ou
favophiles) et à leurs associations, ils n’apparurent réellement que vers les
années 1959.
Anecdotes
- A Paris, au début du
XVIIIe siècle, les corporations défendaient leurs prérogatives avec vigueur.
Ainsi les pâtissiers intentèrent-ils un procès contre
les boulangers qui fabriquaient eux aussi des galettes. Ils eurent gain de
cause par 2 arrêts de 1713 et 1717 qui interdirent aux boulangers d’utiliser du
beurre et des œufs dans leur pâte.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que les pâtissiers
renoncèrent à ce privilège et que les boulangers vendirent à nouveau des
galettes
- La galette de l’Elysée a une
particularité :
Tous les ans depuis 1975, les artisans
boulangers-pâtissiers offrent « la galette de l’Elysée », une galette de 1
mètre de diamètre.
En France, la monarchie ayant été abolie, il n’y a plus
de roi, il ne peut donc y avoir une fève désignant un roi (et/ou une reine)
dans la galette et encore moins une couronne.
Un président de la république ne peut évidemment pas
être roi !
Ce rituel a été inauguré par Valéry Giscard d’Estaing en
1975.
- Si étrange que cela puisse
paraître, certaines personnes « n’ont plus le droit » de couper la galette. Une
raison à cela ? Leur premier coup de couteau passe toujours par la fève…
Sources documentaires
- Documentation
personnelle
- Wikipédia
- Joseph Bruley : Le Morvan cœur de France
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