... et
superstitions De nombreuses études sont déjà parues sur ce
vaste sujet, pas question donc de prétendre ici faire
un point complet, juste quelques petites choses
intéressantes, sur un ton plus léger. Une chose
pourtant reste certaine, dans toute légende il y a une part de vérité… Alors méfiance…

Une définition ?
Wikipédia nous donne
les définitions suivantes des 3 mots :
- La coutume est
un « usage juridique oral, consacré par le temps et accepté par la population
d'un territoire déterminé ».
La coutume est une des sources du droit.
- La croyance est le
processus mental expérimenté par une personne qui adhère dogmatiquement à une
thèse ou des hypothèses,
de façon qu’elle les considère comme vérité absolue
- Le terme
superstition vient du latin « superstitio » et en français a eu
plusieurs sens : Il signifiait au XIVe siècle « religion des
idolâtres, culte des faux dieux » ; au XVIIIe siècle,
il désignait la religion et les préjugés inexplicables par opposition à la
raison.
Quant-à lui, Diderot expliquait
dans son encyclopédie :
« Il n'y a aucun fait qui ne
soit précédé et qui ne soit accompagné de quelques phénomènes. Quelques
fugitifs, momentanés et
subtils que soient ces phénomènes, les hommes doués d'une grande
sensibilité, que tout frappe, à qui rien n'échappe, en sont affectés, mais
souvent dans un moment où ils n'y attachent aucune
importance. Ils reçoivent une foule de ces impressions. La mémoire du phénomène
passe ; mais celle de l'impression se
réveillera dans l'occasion ; alors ils prononcent que tel événement aura lieu
; il leur semble que c'est une voix secrète qui
parle au fond de leur cœur, et qui les avertit... C'est une multitude
d'atomes imperceptibles chacun, mais qui,
réunis, forment un poids considérable qui nous incline, sans presque savoir
pourquoi. »
Quelles origines ?
Difficile de savoir où
fini l’un et où commence l’autre (ou inversement…)
César a dit, « La nation
gauloise, est tout à fait sous l'empire des superstitions. »
Dans les archives de la
Société Eduenne, une « note sur les pratiques superstitieuses observées dans le
Morvan » rapporte : « Les immenses
régions que couvraient les forêts étaient habitées par des hôtes plus
redoutables que les loups et les ours. Les terribles divinités
de la Gaule y résidaient, wivre's, dragons aux formes monstrueuses, nains
hideux, fées et spectres hantaient leur profondeur.
Les plus braves ne pouvaient
y pénétrer sans effroi. Le prêtre lui-même en avait peur Ces esprits
élémentaires se mêlaient à tous les actes de la vie domestique. Visiteurs nocturnes du foyer,
ils veillaient sur le berceau de l'enfant et sur les sépultures de la famille.
Ils avaient leur demeure, les uns aux sources des
fontaines et des fleuves, les autres au sommet des montagnes, sur la cime des
rochers aux formes sauvages et dans les plus
sombres cavernes. D'autres enfin se cachaient dans les vieux chênes et dans le
feuillage de hêtres.
Parfois, ils se montraient
dans, la brume, aux carrefours des bois, sous des formes et dans des
circonstances étranges. Les lieux consacrés par
ces apparitions étaient des lieux maudits et dont on n'approchait qu'avec
effroi. Ce qu'il y avait de particulier chez ce
peuple, c'était sa prédilection pour le culte des
divinités inférieures dont les fonctions étaient délimitées et avec lesquelles
il se croyait en communication c'était cette
multitude d'esprits, qui personnifiait à ses yeux les forces élémentaires de la
nature… »
En résumé, il semblerait que les Celtes aient apporté
leurs cultes des éléments (soleil, tonnerre, vents, montagnes, lacs, forêts,
sources, fleuves, feu…), les Romains leur savoir et leur organisation, le
Christianisme l'amour et la liberté, les Francs toutes leurs manières barbares
et que bien d’autres y aient saupoudré d’innombrables choses…
Ce savant mélange a pu conduire à des choses étranges.
Avec la christianisation, les démons étaient chassés
des villes par les saints, aussi les retrouvaient-on dans le fin fond des
campagnes, aux carrefours, près des arbres chargés de
trophées de chasse ou d'ex-voto, près de lieux réservés autour des fontaines où
l’on se livrait, paraît-il, « à quelques ébats licencieux… ».
Toutefois, les propriétaires chrétiens du sol,
n’osaient s’y opposer de peur de soulever quelques nombreux fidèles.
Quoi qu’il en soit, le Morvan et
les morvandiaux, semblent avoir gardé une forte prédominance des traditions
celtes.
Le culte du feu
Inutile de revenir trop
en détail (sauf à vouloir faire exploser ce site…) sur ce que le feu a pu
apporter à l’homme depuis qu’il l’a
découvert puis maîtrisé.
Mais au fait comment l’a-t-il
découvert ?
Dans la mythologie grecque, Prométhée (celui qui
réfléchie avant…), Titan sans père et fils de Thétis (encore qu’il serait,
aussi, paraît-il le fils du Titan Japet et de l'Océanide Clyméné), se rebelle
contre Zeus et lui dérobe « le feu divin » pour le donner aux mortels.
Zeus fort mécontent, enchaîna Prométhée à un rocher
des montagnes du Caucase, et là, chaque jour un aigle venait lui dévorer le
foie, un foie qui repoussait chaque nuit, pour une douleur éternelle.
Est-ce pour cela que toutes
les peuplades de la terre ont voué au feu un véritable culte ?
Le feu a toujours été un
symbole de purification.
Dans nos campagnes, depuis la nuit des temps, on «
brûle » la terre pour la rendre plus fertile, par extension, l’utilisation du
bûcher pour certaines condamnations rejoint cette purification.
Cette purification se
retrouvait aussi sur les chemins de cimetières où l’on avait coutume de brûler
la paille du lit sur lequel le défunt avait rendu l’âme.
Représentation du soleil
bienfaiteur, le feu est devenu tout à la fois et plus que tout, coutume,
croyance et superstition : Allumer le feu, utiliser ses pouvoirs, craindre
qu’il ne s’éteigne…
Très rapidement, l’homme se
servit du feu pour marquer les grandes dates qui règlent sa vie, en commençant
par le passage des saisons.
Toutefois, les traditions étaient fortes et
conduisirent à quelques variations de dates avec la réalité astronomique,
jusqu’à ce que l’église soit en mesure de christianiser les fêtes païennes et
d’en définir les dates (en s’inspirant fortement des coutumes druidiques).
Ainsi 4 feux vinrent marquer
l’année :
-
l’équinoxe de printemps ou quadragésime, le premier dimanche de
Carême (qui commence 40 jours avant Pâques), soit la mi-mars, plus connu sous
le nom de « Bordes » ou de « Brandons » ou encore de « Bures ».
Ces trois termes ramènent à
la même idée de feux, qu’ils soient de branchages, de fagots ou autres
végétaux.
La Borde, c’est aussi une maison construite avec du
bois et du branchage et le bordage, le droit seigneurial octroyé à une borde.
Jadis un village était mesuré au nombre de ses feux,
autrement dit au nombre de foyers d’habitation, donc au nombre de maisons.
- le solstice de juin,
le 24 juin (St Jean-Baptiste) d’où les feux de la St jean.
Sans doute pour rappeler la force et la puissance du
feu, une légende morvandelle raconte que l’épilepsie serait également appelée «
mal de St-Jean ».
Le saint ayant voulu examiner
de près la nature du tonnerre, il en aurait éprouvé une telle frayeur qu'il
aurait été atteint subitement du mal.
- l’équinoxe
d’automne, le 29 septembre (St Michel) aussi appelé feu des
bergers.
- le solstice d’hiver,
le 25 décembre (ou quelquefois le 6 janvier, jour de l’Épiphanie) appelé «
Boeudiré ».
Certains auteurs avancent que les danses (les rondes)
exécutées autour des feux étaient intimement liées au culte solaire, soit !
Mais alors, avant Monsieur Galilée, pourquoi
tournait-on déjà autour du soleil ?
Disons simplement que le
contraire n’eut pas été facile…
Quelques autres feux
- La bûche de Noël :
Cette coutume remonterait à l’antiquité et aurait par
la suite été « christianisée ».
Elle consistait à placer dans
l’âtre, en tout début de veillée de Noël, la plus grosse bûche que l’on put
trouver (mais préparée à l’avance), « le plus gros
rondin ou la plus vieille souche », de manière à ce qu’elle se consume le
plus longtemps possible.
Ainsi, tant qu’elle brûlait, le bonheur était dans la
maison.
En Morvan, ce que l’on
appelait « Lai cheuche de noé » (la bûche de Noël) devait brûler jusqu’au jour
de l ‘an.
Chaque matin il fallait absolument raviver le feu et
le redémarrer, et si par malheur il ne repartait pas ou pire encore, s’il
s’était éteint dans la nuit on y voyait un très mauvais présage.
Avant de se rendre à la messe
de minuit, l’ancien de la famille se devait «
d’aiteujer les teujons » (d’attiser les braises) en faisant le plus « d’éveillées » (d’étincelles) possibles tout en
rappelant le dicton :
« Eveilles, éveillons, Autant
de gerbes que d' gerbeillons ! ».
En clair, on espérait que la moisson rapporterait
autant de grosses et de petites gerbes que la bûche pourrait lancer de grosses
et de petites étincelles.
Ensuite, une fois la bûche
quasiment consumée, on en récupérait quelques débris qui étaient conservés
précautionneusement.
En effet, au cours de l’année, par temps d’orage – et
de tonnerre – on en plaçait un des morceaux sur le feu et là, la fumée qui en
émanait s’échappait par la chemisée et dispersait les nuages en se mêlant à
eux…
Facile !
Fautes de disposer de ces « teujons », il restait toujours les recommandations
de « l’évangile des quenouilles » (Recueil de
dictons populaires que les femmes du XVème siècle se racontaient à la veillée,
en filant leur quenouille) qui préconisait de disposer quatre bâtons de chêne
qui s’enflammeraient en dégageant de la fumée et de réciter un pater et un ave
:
« Quant femmes voient que
tempeste se liève en l'air, elles doibvent faire du feu de quatre bastons de
quesne en croiz en sus du vent et bénéir le vent et il emportera la tempeste au
loing ».

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